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1 février 2014 6 01 /02 /février /2014 12:00

Le rapport de la Fondation Abbé Pierre pointe les effets de la crise sur le budget logement.
La Fondation Abbé Pierre, qui établit chaque année son rapport sur l\'état du mal-logement en France, souligne combien la dégradation de l\'emploi pèse en la matière. - Photo Kenzo Tribouillard / AFP
La Fondation Abbé Pierre, qui établit chaque année son rapport sur l'état du mal-logement en France, souligne combien la dégradation de l'emploi pèse en la matière. - Photo Kenzo Tribouillard / AFP

Se loger pose un problème dramatique à plus de 3,5 millions de personnes dont l’habitat est précaire ou indigne (squats, campements, etc.). Mais ils ne sont plus les seuls. Plus de 5 millions de locataires et de copropriétaires éprouvent dans ce domaine des difficultés, certes « moins violentes » mais « très préoccupantes », alerte la Fondation Abbé Pierre dans son dernier rapport sur l’état du mal-logement présenté aujourd’hui (voir document ci-dessous). Chez ces personnes, qui ne sont pas spécialement mal logées, régler ses charges de copropriété, rembourser ses emprunts, payer son loyer ou se domicilier près de son lieu de travail va de moins en moins de soi. En cause, la crise qui persiste et son corollaire, la dégradation de l’emploi qui se poursuit. « Dans certaines villes et régions où le chômage a explosé, les filets de protection s’épuisent », explique Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation.

Mais il n’y a pas que ces situations de fin de droits qui se multiplient. Les emplois précaires, à travers leurs multiples déclinaisons (autoentrepreneurs, travailleurs détachés, CDD, intérimaires, saisonniers. etc.), sont en plein essor. En 2010, la France comptait 13,2 % de salariés en contrat précaire, rappelle le rapport. Une situation lourde de conséquences. « L’acceptation de conditions de travail très dégradées entraîne l’acceptation de conditions de logement également très dégradées », estime Patrick Doutreligne.

Les jeunes premiers touchés

Surtout, cette flexibilité de l’emploi apparaît en « complet décalage » avec un secteur du logement qui se caractérise par sa rigidité (rareté et cherté de l’offre, durcissement des baux...). Les jeunes sont les premiers touchés. « Un sur deux seulement dispose d’un emploi stable à durée indéterminée (CDI) [...] qui ouvre souvent les portes du logement », pointe le rapport. Les coûts de logement ont d’autres effets collatéraux. Les foyers dont les revenus fluctuent à la baisse rognent sur leurs dépenses alimentaires et médicales pour pouvoir s’acquitter de leur loyer ou de leur mensualité.

L’inadéquation entre la situation de l’emploi et le marché du logement atteint son summum en Ile-de-France. Se loger en grande banlieue coûte nettement moins cher qu’habiter dans le centre de l’agglomération parisienne, mais les opportunités professionnelles y sont beaucoup plus rares. « Résider en deuxième couronne ne donne accès qu’à 27 % des emplois dans la région. A Paris, c’est deux fois plus », note la Fondation. Cet éloignement est dissuasif. Au cours des cinq dernières années, 2 millions de personnes ont refusé un emploi, estimant que l’exercer demandait trop de sacrifices.

« Le logement peut être un frein à l’emploi alors qu’il doit au contraire le favoriser », déplore Patrick Doutreligne. Une situation paradoxale qui inquiète les entreprises. Celles de la Côte d’Azur, dans un récent sondage, sont 80 % à déclarer avoir des difficultés à embaucher à cause des coûts de logement des salariés.

POUR EN SAVOIR PLUS :

DOCUMENT L'intégralité du rapport

Joël Cossardeaux

 

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