En 2020, les habitants de cet immeuble de 379 logements dans le Val-d’Oise ont approuvé un programme de travaux à une vaste majorité. Mais depuis, il ne s’est rien passé. Selon le bailleur social, AB Habitat, le chantier pourrait commencer d’ici la fin de l’année.
La réhabilitation de la cité Champagne aura-t-elle lieu ? Le doute est permis, alors que ce projet a été soumis au vote des habitants il y a deux ans et que les travaux n’ont toujours pas commencé. Plus de 70 % des locataires avaient participé à la consultation et le projet avait été approuvé à 74,9 %.
Pour un montant de 17 millions d’euros (28 millions au total avec la cité Roussillon voisine de 173 logements), le bailleur social AB Habitat proposait une réfection de la toiture, des façades, des parties communes et une résidentialisation. En échange de ces travaux, une augmentation de loyers de 5 % était réclamée aux locataires, ce qui n’a pas empêché le projet d’être largement approuvé.
Depuis ce vote en 2020, les locataires attendent. Les loyers n’ont pas été rehaussés et les travaux n’ont pas eu lieu. « Depuis 2012, on en est au sixième projet de réhabilitation, déplore Dalila, une habitante de la cité. Dans l’avant-dernier projet, on faisait partie d’un programme Anru et on n’avait pas d’augmentation de loyer. »
L’immeuble continue de se dégrader
L’un de ces projets annonçait une livraison prévisionnelle en… décembre 2015 ! « On nous a promis une réhabilitation il y a plus de dix ans, renchérit Patricia Doherty, présidente de l’amicale de locataires Indecosa CGT de la cité Champagne. Là, on nous repousse de six mois en six mois. » Et pendant ce temps, l’immeuble continue de se dégrader, en particulier les parties extérieures.
« Les balcons ne sont pas fiables. Certains tiennent avec du fil de fer », souligne Patricia Doherty. C’est en effet le premier problème que citent les habitants quand ils sont interrogés sur l’état de la cité. « On a peur, on voit que sur les garde-corps, les vis commencent à partir », confie Rokia. Dalila s’inquiète de voir une fissure qui s’agrandit sur le bord de son balcon. « Je l’ai signalé mais on n’a pas de retour », précise-t-elle.
Elle pointe aussi les corniches qui s’effritent à certains étages. « Regardez ce bloc, là. Il va bientôt tomber », indique Dalila en montrant un morceau de béton qui se fissure, visible depuis la fenêtre de sa cuisine. « Je suis là depuis 1999, ajoute-t-elle. Il y a déjà eu des blocs de bétons qui sont tombés au sol et sur des voitures. » « Il y a quatre ans, il y a eu des cordistes qui sont venus casser le béton qui s’effritait, mais il n’y a pas eu de suite », se souvient Jean-Marc, qui habite ici depuis plus de 40 ans.
Problèmes électriques, humidité…
L’intérieur des appartements n’est pas épargné. « Il y a des problèmes électriques. Les compteurs sont trop anciens. Ça fait tout disjoncter, on se prend des décharges », déplore Dalila. Elle a fait refaire l’électricité de son appartement. Chez d’autres locataires, les prises se déchausseraient. Il y a aussi les problèmes d’humidité. La VMC de Dalila ne semble pas fonctionner. « Elles ne se sont pas vérifiées. Ça n’aspire rien du tout », souligne-t-elle.
Elle désigne aussi les traces d’humidité autour de la colonne d’eaux usées. La partie qui est chez elle a été changée mais pas celle entre son appartement et celui du dessus. Elle indique que ces problèmes ont déjà été signalés plusieurs fois au bailleur. « On nous dit : on ne fait pas de travaux chez vous, on attend la réhabilitation », peste-t-elle.
Un chantier qui devrait durer trois ans
Chez AB Habitat, c’est un nouveau directeur, François Perrier, qui est aux commandes depuis début février. « J’ai pris connaissance du dossier récemment. Il manque deux ou trois choses au niveau technique mais qui ne sont pas bloquantes pour lancer les consultations », indique-t-il. Il s’agit d’éléments comme le fait de demander aux locataires s’ils souhaitent une douche ou une baignoire par exemple. Il estime que malgré cela les appels d’offres pourraient être diffusés dans les prochaines semaines. Le chantier devrait durer environ trois ans.
« Ça peut démarrer avant la fin de l’année s’il n’y a pas de problème majeur, indique-t-il. Les réponses des entreprises permettront d’avoir plus de visibilité sur la suite du projet. » À partir des prix annoncés, AB Habitat devra se pencher sur le financement. « Il y aura cette phase d’ajustements », prévient-il. François Perrier promet d’aller expliquer sur le terrain ce qui va ensuite se passer. « Dès que j’aurai des éléments concrets, il est évident que nos locataires et partenaires seront informés », assure-t-il.