Les travaux doivent s’accompagner d’une hausse de 5 % des loyers. Les habitants doivent se prononcer d’ici le 17 février.
Argenteuil. Pour que la réhabilitation ait lieu, il faut que la majorité des habitants de la cité Champagne se déclare pour. LP/Thibault Chaffotte
Par Thibault Chaffotte
Le 26 janvier 2020 à 18h37, modifié le 26 janvier 2020 à 21h45
Les bulletins s'accumulent dans l'urne installée dans le bureau des gardiens. Les habitants de la cité Champagne sont appelés à se prononcer sur un projet de réhabilitation depuis le 16 décembre et jusqu'au 17 février. Cette résidence HLM est l'une des plus emblématique d'Argenteuil. Située au pied de la butte des Châtaigniers, cette barre de 379 logements est visible de très loin. Depuis les appartements, on a une vue sur toute l'Ile-de-France. Construit en 1965, c'est aussi l'un des bâtiments les plus anciens du patrimoine d'AB habitat, le bailleur social.
Un chantier estimé à 17 millions d'euros
« Il faut que 25 % des locataires votent et qu'il y ait une majorité favorable », indique Patrick Petra, directeur du patrimoine et de la maintenance, chez AB habitat. L'ensemble des travaux est estimé à 17 M€, en incluant les études et diagnostiques. Une somme qu'AB habitat prévoit de financer par l'emprunt (90 %) et par ses fonds propres (10 %).
La contrepartie demandée aux locataires est une augmentation de 5 % du montant des loyers après les travaux. Soit près de 30 € de plus pour un F3, dont le loyer est d'environ 540 € par mois. « On est dans un volume qui engage des travaux lourds, justifie Patrick Petra. Ce n'est pas possible d'engager cette réhabilitation sans le soutien des résidents. »
« C'est une réhabilitation classique, ajoute Patrick Petra. On refait la toiture, les façades, les parties communes. » Une présentation a eu lieu lors d'une réunion avec les locataires. Les garde-corps de balcon doivent être refaits. Un panneau fixe sera posé sur chaque balcon « pour que les gens puissent ranger leur affaire derrière ou étendre du linge ».
Un panneau mobile coulissant sera ajouté pour faire de l'ombre quand nécessaire. Les logements qui n'ont pas été refaits, vont aussi faire l'objet de travaux (environ 60 % d'entre eux). L'électricité, les toilettes et les pièces humides doivent être refaites.
Des bornes d'apport volontaires pour les déchets
Des bornes d'apport volontaires doivent être installées à l'extérieur pour remplacer les locaux à poubelles. Ces derniers pourraient être convertis en locaux à vélos ou à poussette. « On a trop de déchets en pieds d'immeuble et on risque la présence de vermine », précise Patrick Petra.
Un aspect du projet porte sur les accès au bâtiment. « Il y a des parties qui vont être privatisées en mettant du contrôle d'accès », ajoute-t-il. Une barrière va être installée sur le parking sud, côté est, pour réserver son accès aux locataires de la résidence.
LP/Thibault Chaffotte
Jusqu'à présent, environ 120 locataires ont voté. « Je pense que tout le monde veut un meilleur endroit où vivre, estime un gardien qui estime que le oui va l'emporter. C'est vrai que la cité a mauvaise réputation, mais il y a moins d'incidents. Je pense que cette mauvaise réputation va être scellée avec ces travaux. » Sarah, 31 ans, a voté pour. « Il est temps de faire quelque chose. Tout est à l'abandon, c'est dégoûtant », juge-t-elle, en désignant l'aire de jeux où se trouvent ses enfants. Pour elle, la hausse de loyer est raisonnable.
«Quand je reçois des gens, j'ai honte»
Ce n'est pas le cas de Martine. « Le projet me convient mais l'augmentation des loyers, c'est non », prévient-elle. Elle juge la cité dans un piteux état et déplore le trafic de drogue et les incivilités. Élodie, 35 ans, est d'accord. « Quand je reçois des gens, j'ai honte, indique-t-elle. J'ai voté pour la réhabilitation, mais je n'y crois pas. Je suis là depuis 2012, on nous en parle tous les ans. » « Je ne suis pas d'accord pour augmenter les loyers, estime Josiane. Ce n'est pas aux locataires de payer. En plus, avec ce qu'ils veulent mettre sur les balcons, les pigeons vont pouvoir se percher comme ils veulent. »
Patricia Doherty, présidente de l' amicale des locataires s'est prononcée pour, mais elle constate que beaucoup sont contre. « Les gens sont contre l'augmentation des loyers. Et ce n'est pas très bien expliqué », explique-t-elle. Elle estime qu'il faudrait des plans pour chaque type d'appartement avec les travaux qui seront réalisés. Les aménagements sur les balcons semblent aussi poser problème. « Ce qui inquiète les gens, c'est de ne plus avoir notre belle vue », estime-t-elle. L'amicale a prévu d'organiser une réunion sur le projet ce samedi.
Argenteuil.Christophe Barthelemy DPLG