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17 mars 2014 1 17 /03 /mars /2014 21:46
Les locataires dénoncent des conditions de vie indignes

L'ancien immeuble de la Poste cache plusieurs appartements délabrés. Les locataires, privés d'eau, se disent victimes d'un marchand de sommeil.

Maïram Guissé | Publié le 17 mars 2014, 07h00
 
Argenteuil. Jeudi. Derrière les murs de ce beau bâtiment se cachent des appartements insalubres. Le marchand de sommeil réclame le règlement des loyers en espèces. Argenteuil. Jeudi. Derrière les murs de ce beau bâtiment se cachent des appartements insalubres. Le marchand de sommeil réclame le règlement des loyers en espèces. (LP/M.G.)

L'INSALUBRITÉ de leurs studios contraste tristement avec la beauté de leur immeuble. Au-dessus de la poste centrale d'Argenteuil, au 27, rue Antonin-Georges-Belin, une dizaine de personnes vivent dans d'anciens bureaux transformés en appartements de fortune. Des conditions de vie très difficiles pour ces locataires qui tirent aujourd'hui la sonnette d'alarme.« Nous sommes victimes d'un marchand de sommeil », souffle Fatima. Ce qui la pousse à réagir aujourd'hui, ce sont les coupures d'eau à répétition que subissent depuis plusieurs jours les occupants. Hier, l'eau n'était d'ailleurs toujours pas rétablie.

La Poste est locataire du rez-de-chaussée de ce bâtiment depuis qu'elle l'a vendu à une société « il y a plusieurs années », indique un porte-parole. C'est là que se trouve l'agence du centre-ville. L'entreprise s'est rendu compte, il y a peu, qu'elle payait des factures d'eau astronomiques. Et pour cause, le compteur d'eau est commun à tous les bureaux transformés en studios. Résultat, c'est l'agence postale qui règle depuis des mois la d'eau... des locataires. « A la suite d'un dégât des eaux provenant d'un appartement situé au-dessus de l'agence, la vanne de l'immeuble a été coupée un court moment, jeudi, pour des raisons de sécurité », précise-t-on à la Poste sans vouloir s'éterniser sur le sujet.

C'est au même moment que des locataires ont voulu réagir (lire par ailleurs). Emmenée par l'Association des travailleurs maghrébins de  et Georges Fresneau, de la Confédération nationale du , une délégation de ces habitants « dans la galère », comme ils le précisent, a été reçue à l'hôtel de ville. « Veolia est passé vendredi pour leur installer de nouveaux compteurs, détaille Philippe Doucet, le député-maire (PS). C'est une affaire privée, mais nous sommes intervenus, au regard de la situation. »

Concernant les conditions dans lesquelles sont logées ces familles, le maire précise : « Nous avons engagé une action juridique, mais cela prend du temps. » Pour lui, cela aurait pu être évité. « Quand la Poste a vendu les lieux, elle n'a pas informé la municipalité, qui aurait pu être intéressée, regrette Philippe Doucet. Aujourd'hui, des gens se retrouvent dans des logements aux mains de marchands de sommeil, c'est honteux. »

Fatima loue un 20 m2 pour 650 EUR par mois
M.G. | Publié le 17 mars 2014, 07h00
 

Assise sur l'une des banquettes de son salon, qui fait office de chambre et de cuisine, Fatima se dit « désespérée ». « Je vis ici avec mon fils de 18 ans, on dort dans la même pièce », lâche-t-elle un brin gênée. Quand elle s'est installée dans ce studio de 20 m² pour 650 EUR par mois, elle n'avait pas le choix. « L'appartement que j'occupais a été vendu, je devais retrouver rapidement un toit », explique-t-elle. Ses demandes de logements n'aboutissent pas, alors cette femme de ménage de 47 ans, rémunérée 1 500 EUR net par mois, se contente de ce « taudis », dont les murs sont noircis par l'humidité. « Que faire ? Je demande au propriétaire un bail, mais il refuse, comment voulez-vous que je prouve que je suis une bonne locataire », lâche-t-elle.

Sa voisine, Zora, est tout aussi « triste ». « J'ai deux emplois, je gagne 1 900 EUR net et je vis dans une pièce de 24 m² pour 550 EUR par mois avec mes trois enfants, qui ont entre 18 et 25 ans C'est très difficile », martèle-t-elle. Elle travaille comme agent d'atelier dans une société de Cormeilles-en-Parisis et fait le ménage dans des bureaux à La Défense (Hauts-de-Seine).

A son entrée dans les lieux, elle a remis un chèque de 1 100 EUR incluant la caution et son premier mois de loyer. Elle imagine alors recevoir des documents comme « une vraie » locataire. « Je n'ai jamais eu de bail », s'indigne-t-elle aujourd'hui.

Avec Fatima, elles ont décidé d'arrêter de payer leur loyer depuis deux mois. « Le propriétaire ne veut pas qu'on lui règle le loyer en chèque ou en carte bancaire. Il n'accepte que des espèces et, à chaque fois, c'est un type différent qui passe nous voir », grogne Zora. Lasses de cette situation, elles ont décidé de se rebeller. Les services d'hygiène sont déjà passés trois fois : systématiquement l'insalubrité des lieux est soulignée, mais cela ne va pas plus loin. « Le propriétaire veut nous fatiguer, mais nous ne laisserons pas tomber, la loi est de notre côté », martèlent Fatima et Zora.

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