Près des immeubles AB-Habitat, les riverains dénoncent leur triste quotidien dans ce quartier qui était encore calme il y a quelques années. Ils pointent notamment du doigt la construction du city stade et réclament davantage de sécurité.
La voix est pleine de larmes quand elle évoque sa fille : « Quand une voiture prend feu, on croirait une explosion. Ma fille se réveille en hurlant que c'est la guerre. Elle a loupé des jours d'école à cause de ça. On n'en peut plus. On n'en peut vraiment plus. » Ce dimanche-là, cette habitante et une dizaine de résidents de ces immeubles d'AB-Habitat, situés au niveau du 201-215, rue d'Epinay, à Argenteuil, font le tour de cette petite cité et racontent un quotidien épuisant. « Depuis l'an dernier, on a eu 18 voitures incendiées, des dealers au pied des tours ou le soir à côté du city stade voisin, des insultes, des agressions… »
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« Quand je suis arrivé ici, il y a neuf ans c'était pourtant un quartier très tranquille », se souvient un quinquagénaire. « Et puis l'équipe de l'ex-maire (PS) Philippe Doucet a fait construire le city stade juste au dessus… » Il montre le terrain qui borde les parkings. « C'était à la demande des cités voisines, alors ils ont mis le stade au milieu, chez nous », soupire-t-il. Depuis, disent les habitants, le lieu est devenu « un carrefour de deal et de petits trafics ». « Bien obligé : dans les cités autour, comme à Joliot-Curie, ils ont mis des caméras. Chez nous, il n'y en a pas ! » pointent-ils encore.
« On ne demande pas la lune »
Les habitants ont porté le problème en mairie, chez AB-Habitat ou encore devant la police. « On nous promet des passages de police nationale et municipale, mais on ne les voit pas. »
D'autres habitants arrivent et racontent leurs malheurs. Une étudiante a loupé un examen un jour car sa voiture avait brûlé pendant la nuit, ici une femme a perdu son emploi, là un homme son outil de travail : une camionnette de livraison. « On perd de l'argent, de la tranquillité d'esprit… Je m'endors en tremblant de peur d'être intoxiquée par les fumées », souligne encore une riveraine. Pour eux, la solution passe par une barrière pour filtrer les entrées dans la cité, des caméras de vidéosurveillance et une présence policière plus régulière. « On ne demande pas la lune… »
Des barrières bientôt construites
Contactés, ville et bailleur reconnaissent l'existence du problème. « Le souci principal, c'est la salle municipale Marcel-Paul, qui est au milieu des logements. Il fallait laisser un accès libre à cette salle », explique la ville. Mais désuète, plus adaptée, elle est en passe d'être désaffectée puis détruite. « Ce qui va permettre à AB-Habitat de résidentialiser les immeubles et de fermer les accès aux véhicules étrangers. Ce qui devrait limiter les nuisances. »
AB-Habitat renchérit : « On a commencé des travaux pour la pose de deux barrières de contrôles de véhicules. Il y en a encore pour un mois environ », explique le bailleur. Un important chantier de réfection des habitations et de résidentialisation est planifié dans les deux ans afin de renforcer le caractère privé des immeubles. La pose de caméras n'est, en revanche, pas prévue.