Zora, locataire à Argenteuil
Maïram Guissé | Publié le 17 avril 2014, 07h00 « Comment peut-on laisser des gens vivre comme ça ? » Cette question, Zora, ne cesse de la poser comme pour se persuader que sa situation va finir par s'améliorer. Voilà trois ans qu'elle loue un studio de 24m² au-dessus de la Poste du centre-ville d'Argenteuil. Les yeux rivés vers les murs noircis de la seule pièce à vivre, où elle mange, dort avec ses trois enfants âgés de 18 à 25 ans, Zora, 43 ans, se dit épuisée. « On se sent seule », lâche-t-elle tout en pointant du doigt des fils électriques non protégés et un bout de vitre cassée. « Ça remonte à 2012, intervient sa fille étudiante en BTS. De toute façon, la fenêtre est condamnée, on a jamais pu l'ouvrir. »
Souvent privée d'eau
« Je rêve de quitter ce logement insalubre, indigne de tout être humain », lâche-t-elle. Mais ses démarches sont restées vaines. « La ville me dit qu'il y a 7 000 demandes en attente, mais je devrais passer prioritaire, je vis dans de mauvaises conditions », s'énerve la quadragénaire, un bidon en main. Il y en a 3 dans l'appartement que Zora a pris soin de décorer, histoire de lui donner un peu de chaleur. « On doit en avoir d'avance, car l'eau est souvent coupée. On en avait plus depuis un mois, c'est revenu seulement lundi soir... » Sa fille acquiesce : « Parfois, je n'allais pas en cours, je n'avais aucun moyen de faire ma toilette. » Zora ne paie plus son loyer depuis trois mois. « C'est pour cela que le propriétaire nous coupe l'eau, croit-elle savoir. Mais je ne changerai pas de position, il refuse de me donner mon bail, mes quittances, et veut que je le paie en liquide... » Avec ses 1 900 EUR net de revenus et ses deux emplois comme agent d'atelier et femme de ménage, Zora ne désespère pas de déménager.