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3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 19:16

 

Le Monde.fr | 01.02.2013 à 07h57 • Mis à jour le 01.02.2013 à 19h04 Par Catherine Rollot

 

Lundi 7 janvier, le DAL et Jeudi noir ont annoncé la "réquisition" d'un bâtiment désaffecté situé 2, rue de Valenciennes, à Paris, où une soixantaine de personnes, dont 14 familles et 25 enfants, sont installées depuis le 29 décembre. Lundi 7 janvier, le DAL et Jeudi noir ont annoncé la "réquisition" d'un bâtiment désaffecté situé 2, rue de Valenciennes, à Paris, où une soixantaine de personnes, dont 14 familles et 25 enfants, sont installées depuis le 29 décembre. | AFP/FRED DUFOUR

 

 

Des jeunes couples obligés de vivre séparément, des divorcés contraints de cohabiter avec leurs ex-conjoints, des pères séparés qui ne peuvent accueillir leurs enfants... Dans son rapport annuel, publié vendredi 1er février, la Fondation Abbé-Pierre s'est intéressée aux liens entre situation familiale et situation de logement et à leur interaction.

 LE LOGEMENT PÈSE DE PLUS EN PLUS LOURD SUR LES PROJETS DE VIE

Premier constat, les conditions de résidence pèsent de plus en plus lourdement sur les projets de vie. "L'impossibilité de se procurer un logement adapté empêche notamment nombre de jeunes couples de s'installer", estime l'association caritative. Les caisses d'allocations familiales dénombreraient de plus en plus de cas de personnes déclarant vivre en couple bien qu'elles ne partagent pas le même logement que leur conjoint.

La cherté de l'immobilier influencerait aussi le nombre d'enfants par couple. Selon une enquête du Crédoc, citée par le rapport de la Fondation, les couples seraient moins enclins à faire des enfants. Ainsi, chez les accédants à la propriété, la proportion de familles nombreuses est passée de 29 % en 1995 à 17 % aujourd'hui. Dans les grandes agglomérations, la tension sur le marché immobilier est telle qu'elle conduirait même certains couples à renoncer à avoir une descendance, au moins temporairement.

Fonctionnant comme une véritable "centrifugeuse" qui sélectionne les candidats les plus solvables, et refoule les autres, le marché du logement ralentit aussi l'autonomisation des membres de la famille. Les jeunes adultes en début de carrière, mais aussi de plus en plus d'"accidentés de la vie", d'âge plus avancé ou même d'âge mûr se retrouvent à devoir retourner vivre chez leurs parents ou leurs enfants. Séparation, perte d'emploi, maladie... sont souvent fatales à l'accès ou au maintien dans un logement.

 LA DÉTÉRIORATION DES LIENS FAMILIAUX FRAGILISE FACE AU LOGEMENT

Deuxième constat : les transformations de la famille agrandissent le cercle des ménages exposés au mal-logement. Les familles monoparentales et les isolés (à la suite d'une séparation ou par choix) se retrouvent au premier plan des personnes en difficulté de logement. Ainsi, les personnes qui sollicitent la plate-forme téléphonique Allo prévention expulsion, de la Fondation Abbé-Pierre, sont à 39 % des personnes isolées et à 30% des familles monoparentales.

Lors d'une séparation, les conditions de logement de l'un ou l'autre des membres du couple se dégradent souvent. En cas de rupture d'un couple avec enfants, le maintien dans le domicile conjugal revient généralement à la mère, qui obtient souvent la garde des enfants. Les pères "non gardiens" se retrouvent ainsi en grande difficulté, hébergés chez des amis ou des parents, ou parfois à l'hôtel. "A terme, les situations temporaires trouvées par les pères s'épuisent et peuvent déboucher sur un parcours d'errance", analyse la Fondation Abbé-Pierre.

Dans ces conditions, l'exercice de la parentalité et la qualité des liens avec les enfants se détériorent souvent. "Les ménages se trouvent en fait dans un cercle vicieux où toute évolution sur l'un des plans (la famille ou le logement) représente désormais un risque sur l'autre plan", estime la Fondation.

Or, déplore l'association caritative, l'Etat n'a pas intégré cette "mutation radicale de la structure familiale". "C'est encore trop souvent le modèle de la famille nucléaire traditionnelle (un couple, un homme et une femme mariés, avec des enfants issus de leur union) qui sert de référence aux acteurs du logement."

Ainsi, le secteur de l'hébergement a-t-il été conçu pour les personnes isolées, alors que les familles à la rue, généralement une femme avec enfants, sont désormais majoritaires dans les demandeurs d'hébergement. De même, les bailleurs sociaux n'arrivent pas à gérer les situations de séparation. L'adéquation entre le type de logement occupé et la situation des familles n'est pas toujours assurée. Ce décalage avec les réalités familiales actuelles se retrouve aussi dans la politique d'aides personnelles au logement ainsi que dans l'offre de construction.

Lire aussi nos enquêtes : Viens chez moi, j'habite sur le canapé d'une copine ; Ces couples séparés mais contraints de cohabiter

Catherine Rollot

Plus de 3,6 millions de personnes mal logées ou sans abri

 

La Fondation Abbé-Pierre évalue dans son 17e rapport annuel à plus de 3,6 millions le nombre de personnes mal logées ou sans abri, et plus largement à 8 millions celles concernées par la crise du logement en France. L'Insee estime à quelque 3 millions les personnes mal logées ou sans abri. La différence tient pour l'essentiel aux personnes habitant chez des tiers, selon la Fondation : l'Insee inclut les personnes de 17 à 59 ans résidant chez des tiers avec lesquels elles n'ont pas de lien de parenté "direct".

 

La Fondation Abbé-Pierre recense ainsi :

- 685 116 personnes "privées de domicile personnel" (133 000 sans domicile, 18 116 en résidence sociale, 38 000 en chambre d'hôtel, 85 000 dans des "habitations de fortune" et 411 000 chez des tiers) ;
- plus de 2,7 millions vivant dans des conditions "très difficiles" en logement sans confort ou très surpeuplé ;
- 172 847 personnes locataires de meublés ;
- 86 612 gens du voyage ne pouvant accéder à une aide d'accueil.

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