Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

 

 

Rechercher

 

 

21 octobre 2021 4 21 /10 /octobre /2021 14:58
«Quand on éteint la lumière, ça grouille» : à Argenteuil et Bezons, vent de fronde chez les locataires d’AB Habitat

 

C’est un aperçu des effets de la crise que traverse actuellement AB Habitat, société coopérative HLM qui compte 12 000 logements entre Argenteuil et Bezons (Val-d’Oise). Depuis plusieurs mois, le syndicat CGT des salariés dénonce une désorganisation des services et interpelle le conseil d’administration sur une situation de plus en plus intenable due à l’absence de nombreux cadres. Ils ne sont pas les seuls à déplorer des dysfonctionnements. Un collectif de locataires s’est réuni vendredi 15 octobre à la salle Elsa-Triolet, à Bezons, après une première réunion en juin dernier.

« Notre collectif, ce qu’il vous propose ce soir, c’est de vous engager avec nous, conclut Souhir Nesseir, présidente du Cercle de réflexion Ambroise-Croizat, organisateur de la réunion. Je ne suis pas une politique, ni une amicale de locataires et je ne suis pas avec la CNL (Confédération nationale du logement). Je suis une simple citoyenne locataire d’AB Habitat. » Elle invite les personnes présentes à laisser leurs coordonnées. Elle annonce qu’elle va prendre contact avec la maire (PS) de Bezons, Nessrine Menhaouara, récemment élue présidente du conseil d’administration d’AB Habitat, pour lui faire état de tous les problèmes évoqués pendant cette réunion.

« Je reçois de l’eau sur mon visage pendant la nuit »

« Il y a zéro filtre, encourage Souhir Nesseir. Ici, on parle librement. » À tour de rôle, chaque participant prend le micro. Une dame se lève et déplore la « rénovation catastrophique » de son logement. « Début septembre, je me retrouve avec une fuite dans ma chambre. Je reçois de l’eau sur mon visage pendant la nuit », indique-t-elle. Elle dit avoir contacté les services du bailleur. « Un monsieur est venu. Il est monté sur le toit et, depuis, plus de nouvelle. On ne l’a plus jamais revu », ajoute-t-elle.

Une autre femme prend le micro. « J’habite le même immeuble, j’ai vécu la même chose. Je suis partie voir le directeur de la réhabilitation, il m’a dit qu’ils n’avaient plus assez d’argent pour finir les travaux », confie-t-elle. Une locataire évoque la prolifération de cafards dans sa résidence. « Quand on éteint la lumière, ça grouille. Ça devient invivable », soupire-t-elle. Elle dit avoir sollicité AB Habitat qui a envoyé une société de désinsectisation. « Ils sont venus faire l’escalier mais ils ne sont jamais venus chez moi », précise-t-elle.



« Moi, j’ai cinq scooters volés dans mon accès parking », ajoute une autre. Elle a appelé la police qui lui a recommandé de s’adresser à son bailleur. « Ils m’ont dit qu’il y avait toute une procédure à faire », ajoute-t-elle. Un habitant de la rue de la Marche, à Argenteuil, indique qu’une fissure dans le mur de la chambre de ses enfants crée un courant d’air. « Ils tombent tout le temps malades. J’ai été obligé d’acheter un radiateur pour essayer de chauffer un peu la pièce », souligne-t-il. Il est arrivé en 2017 et, depuis, rien n’a changé.

Dominique Lesparre (PCF), qui était encore président d’AB Habitat il y a quelques jours, a fini par sortir de son silence vendredi. Il ne s’était pas exprimé jusqu’à présent sur cette crise, qu’il attribue exclusivement à la gestion de son directeur général, Salah Lounici. Sollicité, ce dernier n’a pas souhaité répondre à nos questions. « Je m’interroge toujours sur les raisons de cette désorganisation. Il l’avait mise en route », souligne Dominique Lesparre. Il n’exclut pas une volonté de sa part de couler AB Habitat au profit d’un autre acteur.

« Licencier quelqu’un, ce n’est pas le propre d’un élu communiste »

Recruté il y a trois ans et demi, Salah Lounici posait de nombreux problèmes depuis environ deux ans, selon Dominique Lesparre : absentéisme, management autoritaire, harcèlement, hébergement gratuit d’associations, exigences salariales extravagantes, etc. Ce n’est que cet été qu’il avait pris la décision de se séparer de son directeur général.

« J’ai attendu parce que licencier quelqu’un, ce n’est pas le propre d’un élu communiste », justifie-t-il. Il voit dans la prise de pouvoir de Nessrine Menhaouara, maire de Bezons élue en 2020, une « magouille politicienne » destinée à « maintenir Salah Lounici dans ces fonctions ».

Pour le collectif d’habitants, le départ de Dominique Lesparre est vu comme quelque chose de positif. Il n’est pas question de faire confiance à Nessrine Menhaouara pour autant. « Nous ne sommes pas en mesure de dire si le fait d’avoir une nouvelle présidente est bon ou pas », estime Souhir Nesseir. Elle attend des résultats pour se prononcer, particulièrement en matière de transparence. « Je vous promets que nous serons impartiaux avec la nouvelle présidente, ajoute-t-elle. Notre bien vivre n’est pas négociable. »

Partager cet article
Repost0

commentaires