Val-d'Oise : 90 salariés sur le carreau, l'activité de leur usine délocalisée en PologneMarjorie Lenhardt30 juin 2017, 16h36 | MAJ : 01 juillet 2017, 11h29Argenteuil (Val-d'Oise), ce vendredi 30 juin 2017. La direction de Semperit a annoncé à ses salariés la fermeture de leur usine d’ici à la fin de l’année.Toute l’activité du site d'Argenteuil (Val-d'Oise) de Semperit sera délocalisée en Pologne où le groupe possède une usine depuis les années 1990.Ils ont 10, 20, 30 ans de «boîte». Ces salariés de l’usine Sempérit d’Argenteuil (Val-d'Oise) ont appris ce vendredi matin la fermeture de leur usine d’ici à la fin de l’année. Un choc pour les 90 salariés et intérimaires qui ne s’attendaient pas une annonce aussi brutale, même s’ils savaient qu’ils allaient recevoir de mauvaises nouvelles. 64 travailleurs en poste permanent à Argenteuil se retrouveront sur le carreau.Spécialisée dans la fabrication de bandes transporteuses (tapis roulants pour les mines, charbon, cuivre, ciment, sable), Sempertrans France Belting Technology (SFBT), filiale du Groupe Semperit, a en effet annoncé l’arrêt des activités de fabrication à Argenteuil, évoquant des difficultés économiques et le besoin de «rationaliser» son outil industriel pour faire face à la «concurrence accrue de ces dernières années». Toute l’activité du site sera délocalisée en Pologne où le groupe possède une usine depuis les années 1990. «Je ne m'attendais pas à ça, de façon si directe» Après le comité d’entreprise extraordinaire, les salariés se sont réunis devant l’usine située dans la zone industrielle de la gare. Dans un nuage de fumée de feu de palettes, entre les drapeaux rouges de la CGT, c’est la stupéfaction et le choc qu’on lit sur le visage des ouvriers. Des larmes ont coulé chez certains d’entre eux. Même si la fermeture était prévisible depuis une dizaine d’années. «Je suis rentré en 1997 en tant qu’aide de presse, c’était la belle époque, ça fait une dizaine d’années que je vois la dégringolade, les départs non remplacés, les accidents de travail, des commandes parties pour l’Inde ou la Pologne», intervient un des salariés. «Je me suis levé tôt tous les jours, souffle, abasourdi, un technicien de maintenance, quinquagénaire père de deux enfants. Aller dans une autre entreprise pour trouver ce que l’on gagne ici, ça va être difficile». «Je m’attendais à un PSE (NDLR : plan de sauvegarde de l’emploi) mais pas à ça, de façon si directe, s’inquiète Antoinara, arrivé chez Sempérit en 2004. Ce ne sera pas évident de retrouver un travail. D’autant plus qu’ici on était bien». Il a assisté impuissant à la dégradation. «On voyait bien qu’il n’y avait plus de suivi, plus d’entretien des machines et la direction ne nous cachait pas qu’elle envoyait du travail en Pologne», raconte ce père de deux enfants. «On a la rage, l’ambition de garder cette usine» Le directeur général du groupe, Antoine Changeur, affirme que des discussions auront lieu avec des représentants du personnel pour trouver des «solutions d’accompagnement adaptées pour tous les salariés concernés», et qu’une procédure pour trouver un repreneur pour le site va être engagée. Mais cela ne suffit pas : la CGT et FO veulent que la direction revienne sur sa décision. «Quand on voit le mépris avec lequel il nous traite, nous annoncer ça ! Juste avant les vacances ! On a la rage, l’ambition de garder cette usine», lance Daniel Issaadi, de la CGT et membre du comité d’entreprise qui a passé 43 ans de sa vie dans cette usine. Remontés à bloc, soutenus par la CGT de Dassault-Aviation, Otis et les filles de la maison de retraite des Pensées qui avaient remporté leur grève, ils ne veulent «rien lâcher». Jeudi prochain à 11 heures, un nouveau rassemblement est prévu. De son côté, le secrétaire départemental du PCF95, Jean-Michel Ruiz, va interpeller Valérie Pécresse, présidente de la région. «Il est inacceptable que de l’argent public aille à des entreprises qui délocalisent», dénonce-t-il, évoquant notamment le crédit d’impôts pour la compétitivité et l’emploi (CICE) dont a bénéficié Semperit.