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16 juillet 2014 3 16 /07 /juillet /2014 22:57
Lutte acharnée entre bailleurs et dealeurs

Stupéfiants. Pour contrer le trafic de drogue et la mainmise des trafiquants sur les cités, les bailleurs inventent des stratagèmes afin de protéger leurs locataires.

Maïram Guissé avec C.G. | 16 juil. 2014, 07h00

 

Argenteuil (Val-d’Oise), hier. Dans la cité Champagne, le bailleur AB-Habitat a installé des portes à chaque palier , qui ne s’ouvrent que grâce au badge des locataires. Depuis, les trafiquants qui s’étaient installés au 11e étage sont partis. (LP/Arnaud Journois.)

Entre les halls 5 et 6 du bâtiment Yves-Farges de la cité Joliot-Curie à Argenteuil (Val-d'Oise), il ne reste rien du mur érigé il y a quelques semaines par le bailleur AB-Habitat (AB-H). Un dispositif mis en place pour lutter contre le trafic de drogue. Les dealeurs n'ont pas apprécié, au point d'éventrer les parpaings quelques heures seulement après leur installation.Maisle bailleur n'a pas dit son dernier mot : une nouvelle fermeture sera installée en septembre. « La configuration des lieux et ce passage permettent aux trafiquants d'entretenir leur commerce de stupéfiants et de s'échapper à la vue de la police », regrette Philippe Rêve, le directeur général d'AB-H. Alors il s'organise, comme les autres bailleurs, pour parer ce commerce illégal qui fait de la vie des locataires un enfer.

Parmi les mesures prises par AB-H, l'une concerne la cité Champagne, nichée sur les hauteurs de la ville de 105 000 habitants. Dans cette longue barre grisonnante de treize étages, les trafiquants avaient pris leurs quartiers au 11 e étage. Les deux derniers étages ne sont pas desservis par les ascenseurs, une aubaine pour les dealeurs qui squattaient là et avaient installé un point de contrôle. Impossible pour les policiers de monter en toute discrétion. « Les habitants étaient excédés, insiste Brahim Terki, directeur délégué à la tranquillité publique et aux affaires juridiques à AB-H. Il y a deux ans, sur nos fonds propres, nous avons commencé à installer des portes au 11 e, à chaque palier, accessible uniquement avec un badge que seuls les locataires de ces étages possèdent. » Ces travaux se sont terminés il y a peu. « Depuis, nous n'avons plus de troubles liés au trafic, les locataires vont mieux », assure Brahim Terki.

A Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), un mur antidrogue construit par la ville et son office HLM est expérimenté depuis mai 2013 à la cité Cordon, 600 logements, à deux pas de la mairie. Une digue pour casser le flux incessant des acheteurs de cannabis. Mais cinq mois après son aménagement, les locataires de l'immeuble le plus proche ont signé une pétition contre cette barrière qui les isole. La fermeture de l'allée oblige les résidants à faire tout le tour de la cité et traverser la file d'attente des consommateurs.

A la Haie-Normande à Argenteuil, les accès aux caves sont limités. « Tout est sécurisé, si les habitants ont besoin de s'y rendre, ils doivent faire appel aux gardiens », précise Philippe Rêve. Parfois, les mesures sont plus radicales. A Bezons (Val-d'Oise), dans le quartier du Colombier, gangrené par le trafic, l'immeuble Jean-Jaurès a tout simplement été détruit. Dans ce secteur, le bailleur Logirep est aussi actif. Un des immeubles de son parc a été, pendant plus de deux ans, sous la coupe des trafiquants qui contrôlaient les accès. Pour pénétrer dans cet immeuble, les locataires devaient montrer patte blanche. Une première phase de travaux avait consisté à refaire les box de parking, non sans difficulté, puisque des ouvriers avaient été pris à partie par les trafiquants. Récemment, le bailleur a compartimenté le bâtiment. Les vide-ordures ont été condamnés, des caméras ont fait leur apparition. Résultat, les trafiquants ne sont plus là.

Le bailleur Val-d'Oise Habitat (VOH) a lui aussi ses techniques. « A Cergy par exemple, dans le quartier des Reynettes, un parking a été condamné. Les lieux vont rouvrir de façon très sécurisée d'ici la fin de l'année, indique Patrick Pétra, le directeur. Les 40 places de stationnement deviendront des box. »

« Un travail de médiation est également mené en direction des familles qui seraient liées aux trafics, insiste Patrick Pétra. L'année dernière, une cinquantaine d'entre elles ont été reçues au siège à Cergy. Elles signent une charte de bonne conduite. » AB-H va plus loin : « Treize familles ont été expulsées en 2013 », précise Brahim Terki.

Tous les bailleurs utilisent la vidéosurveillance et insistent sur le « fait de ne jamais laisser une zone à l'abandon ». Malgré toutes ces mesures, les trafiquants résistent, s'installent ailleurs. Les bailleurs le savent. « Il n'y a pas de solution miracle, mais si on ne bouge pas, nous ne pourrons rien résoudre, insiste Brahim Terki. C'est une bagarre perpétuelle. »

 


« Nous construisons autrement »

Brahim Terki, directeur délégué à la tranquillité publique à l'office HLM AB-Habitat

M.G. | 16 juil. 2014, 07h00

 

Le temps des grands ensembles est révolu. C'est l'une des conséquences directes du trafic de drogue qui ronge les cités. Ces constructions réalisées dans l'après-guerre sont désormais bannies. « L'architecte qui propose de grands immeubles avec des coursives a toutes les chances de se faire virer aujourd'hui, plaisante Brahim Terki, directeur délégué à la tranquillité publique et aux affaires juridiques au sein de l'office HLM AB-Habitat (AB-H).Nous construisons autrement. »

Les nouveaux bâtiments sont pensés pour empêcher qu'un trafic puisse s'y développer. « Pour éviter les squats, nous ne faisons plus d'immeubles avec des halls, les boîtes aux lettres sont encastrées et l'éclairage se fait par détection de mouvement », détaille Philippe Rêve, le directeur général d'AB-H.

Le bailleur Immobilière 3F (I3F), implanté partout en Ile-de-France, a lui aussi un cahier des charges précis. « Concernant les halls d'immeuble, nous faisons en sorte qu'ils soient tous visibles depuis la rue, vitrés et sécurisés avec des contrôles d'accès », indique une porte-parole. Des éléments appliqués également au sein de Val-d'Oise Habitat (VOH), qui comme ses confrères privilégie des constructions de petit volume. « Nous travaillons uniquement sur des immeubles à taille humaine, insiste Patrick Pétra. Les parkings souterrains sont très étudiés. Ils sont lumineux, éclairés, contrôlés, et des caméras de vidéosurveillance sont systématiquement installées. »

 


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