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18 décembre 2022 7 18 /12 /décembre /2022 18:03

Avoir froid chez soi n’est pas juste un souci qui se règle avec un pull. C’est un véritable problème sanitaire. Or, que ce soit pour l'aide face aux hausses vertigineuses du coût de l'énergie ou la rénovation des passoirs thermiques, les réponses du gouvernement laissent une fois de plus les ménages les plus modestes sur le carreau. Les preuves irréfutables apportées par Ludo, d'Osons Causer.

La montée de la précarité énergétique

Selon le « Baromètre Energie-Info » du Médiateur de l’énergie, de plus en plus de ménages déclarent avoir eu froid, dans leur logement, durant plus de 24 heures.

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Ces chiffres sont cohérents avec des chiffres plus anciens fournis par la DREES.

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Un autre indicateur de cette précarité énergétique, la montée des interventions (alias, des coupures ou des réductions de services) pour impayés sur les factures de gaz ou d’électricité. Voici les chiffres du Médiateur de l’énergie.

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Avoir froid chez soi est dangereux pour la santé

Avoir froid chez soi n’est pas juste un problème qui se règle avec un pull. C’est un problème sanitaire sérieux. Ainsi que l’ont documenté de nombreuses études (on vous met ici une grande enquête de l’OMS de 2009 menée dans 8 grandes villes européennes), passer son hiver dans un logement sous les 16-17 degrés, on a plus de risques de faire des angines, des crises d’asthmes, d’avoir des sifflements, des maladies respiratoires ou cardiovasculaires.

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Au total, ces effets sanitaires du froid mènent, malheureusement, à des morts. Un rapport récent de France Stratégie compile les études sur les liens entre précarité énergétique et mortalité et tente de les appliquer au cas français (voir p.116).

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L’inefficacité énergétique des logement causerait ainsi près de 10 400 morts chaque année dans notre pays. Le froid et l’isolation des logement est donc, incontestablement, un enjeu de santé publique qui doit être traité politiquement.

La hausse des facture … malgré le bouclier tarifaire

Malgré le bouclier tarifaire (qui selon l’INSEE a, jusque là, bien contenu la hausse des prix, notamment pour le gaz) les factures de gaz et d’électricité payées par les ménages ont connu  58,2 et 20,4 % d’augmentation respectivement entre juin 2021 et début 2023.  

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Le bouclier tarifaire coûtera 16 milliards d’euros (11 pour le gaz, 5 pour l’électricité) à l’État. Milliards que Total ou Engie ne paieront pas. La facture finale sera payée où en hausse d’impôt ou en baisse de services publics ou en dette publique supplémentaire.

En plus de ce bouclier tarifaire, l’État a prévu de soutenir les ménages face à cette augmentation des prix de l’énergie avec des « chèques énergies » exceptionnels.

Ces chèques énergies ne sont pas négligeables. Ils vont aider de nombreux ménages à faire face à ces hausses de factures. Ils ont cependant au moins deux défauts.

D’abord, le chèque énergie ordinaire, qui concerne 5,8 millions de ménages, laisse de côté de nombreux ménages modestes en précarité énergétique. C’est l’enseignement d’un rapport de la Cour des comptes de février 2022 (p.61).

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Ensuite, le chèque énergie n’est pas toujours utilisé. Selon une étude récente de la DREES (p.280), environ 20 % des chèques énergies ne sont pas utilisés par les ménages.

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Cela dit, ces défauts du chèque énergie ne sont pas le principal trou dans la réponse du gouvernement à cette hausse des prix.

Les passoires énergétiques abandonnées par Macron

Les logements qualifiés de passoires énergétiques sont classés F ou G dans les étiquettes des diagnostics de performance énergétique (DPE). Ces logements sont si mal isolés que les chauffer coûte beaucoup plus cher. 4 à 11 fois plus cher qu’un logement bien isolé (catégorie A ou B) et 2 à 3 fois plus cher que le logement français « moyen » de catégorie D.

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Dans un logement bien isolé qui coûte 300 € de gaz par an de chauffage, une hausse de 58 % des prix du gaz augmentera la facture de 175 €, soit une hausse semblable aux montants des chèques énergie.

En revanche, une passoire thermique qui coûte 3000 € de gaz par an va subir une hausse 1750 € de sa facture de chauffage annuelle. Payer ces 4750 euros de facture de gaz est impossible, malgré les chèque énergie, pour la plupart des Français.es.

Le coût sera insupportable pour les familles modestes qui vivent dans des passoires thermiques. Il sera probablement difficile à supporter pour les autres occupants de ces logements mal isolés.

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En effet, d’après l’Observatoire national de la rénovation énergétique, 1,9 millions de ménages habitant des passoires thermiques appartiennent aux 2 premiers quintiles de revenus et sont ainsi éligibles aux chèques énergies ordinaires ou exceptionnels. En revanche, les 2,7 millions d’habitants de passoires thermiques aux revenus supérieurs, eux, ne toucheront pas un centime.

C’est dire à quel point la réponse du gouvernement à la montée des prix de l’énergie sacrifie les occupants de passoires thermiques. C’est d’autant plus funeste que le problème est identifié depuis longtemps.

Le candidat Macron avait promis, en 2017, de rénover la moitié des passoires thermiques d’ici à 2022. En 2017, il a précisé ses objectifs dans son plan de rénovation énergétique des bâtiments (p,11) : 150 000 rénovation / an dans le parc privé modeste et 100 000 / an dans le parc social .

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Problème, après bientôt 6 ans au pouvoir, le bilan de Macron est famélique. Dans le parc social, on arrive péniblement autour de 20.000 sorties de passoires thermiques par an, 5 fois moins que ce qui était prévu.

Source : Agence nationale de contrôle du logement social, “Etude sur la rénovation thermique des logements du parc social”, Juin 2022, p.28

Et encore, ce n’est pas le pire :

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Dans le parc privé, c’est carrément ridicule. C’est très difficile d’avoir des chiffres précis, parce que la rénovation thermique est très très mal évaluée dans ce pays. Ce qu’on connaît de certain, c’est les objectifs du gouvernement : en 2021 il imaginait rénover 80 000 passoires thermiques mais s’est vite rendu compte qu’ils n’allaient en faire que 2500 !! Pour 2022, l’objectif était de 20.000. Et on ne sait même pas si ces chiffres seront atteints. On est extrêmement loin des 150.000 rénovations de passoires /an annoncés, à des années lumières des rythmes nécessaires pour régler ce problème.

Source : PLF 2021 et 2022 via Cour des comptes, La préparation et la mise en oeuvre du plan de relance, mars 2022, Tableau 14, p. 109.

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Une des raisons de cet échec, c’est la thune. Macron consacre maintenant environ 7 milliards par an pour la rénovation thermique. Ça passe surtout par des aides dont la plus connue est MaPrimeRénov.  Ces 7 milliards sont bien insuffisants, le Haut Conseil pour le Climat (p.45) estime qu’il faudrait doubler ce chiffre pour tenir le rythme.

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