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2 juillet 2016 6 02 /07 /juillet /2016 08:30
GÉRARD LE PUILL
MERCREDI, 29 JUIN, 2016
HUMANITE.FR

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Photo Jean-Philippe Ksiazek / AFP

 

 

 

 

Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), le revenu médian en France a baissé de 1,1% depuis la crise économique de 2009. Mais cette moyenne cache des inégalités et, en 2013, 6,8 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté. Depuis le chômage et la précarité de l’emploi n’ont cessé de progresser tandis que le gouvernement veut encore aller plus loin dans cette voie avec la loi El Khomri.

Sous le titre « Les revenus et patrimoines de ménages », l’INSEE vient de publier un ouvrage de 174 pages qui tente de donner un aperçu du revenu annuel des ménages par unité de consommation en 2013 et de leur patrimoine en 2015. Dans le revenu, l’institut englobe les salaires, les retraites, les allocations chômage, le RSA et toutes les prestations sociales comme les allocations familiales et l’allocation logement sans lesquelles bien des ménages ne pourraient ni élever leurs enfants ni disposer d’un toit. L’INSEE décompose aussi les dépenses de chaque ménage par unité de consommation. Plus précisément, une unité de consommation vaut pour une personne vivant seule, une et demi pour ménage composé de deux adultes, chaque enfant comptant pour 0,5 unité après quatorze ans et pour 0,3 unité jusqu’à 14 ans. Ce qui, convient-il de noter au passage, ne tient guère compte des frais de garde des touts petits quand les deux parents travaillent.
« En 2013, en France métropolitaine, le niveau de vie médian de la population s’élève à 20.000€ annuels », selon l’Institut. On rappellera ici qu’il s’agit pas du revenu moyen, mais du chiffre en dessous duquel se trouvent 50% des ménages l’autre moitié étant au dessus. L’étude indique que depuis la crise économique de 2008-2009 « le niveau de vie médian a perdu 1,1%, une baisse modérée par rapport à celle observée dans d’autres pays d’Europe », écrit l’INSEE, sans préciser lesquels. Il est vrai que nous n’avons pas en France le contrat de travail à « zéro heure », comme au Royaume Uni qui vient de voter pour la sortie de l’Europe, ni les « jobs » à 1€ de l’heure comme en Allemagne, sans parler de la situation encore plus terrible en Grèce.
Néanmoins, 6,8 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté en France, soit 14% de la population. On vit alors avec moins de 1.000€ par mois pour une personne seule, moins de 1.500€ dans un couple sans enfants, moins de 2.100€ pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans. Ajoutons que selon les mêmes critères, le taux de pauvreté est de 16,7% en Allemagne, de 16,8% au Royaume Uni, de 19,4% en Italie et de 22,2% en Espagne. Ce sont les pays qui ont précarisé le travail à la manière dont le gouvernement veut le faire en France avec la loi El Khomri. 
Pendant que les actions syndicales s’opposent au pire, la vie est néanmoins de plus en plus dure en France pour les plus pauvres. « Les bas revenus, nous dit l’étude, ont été plus touchés par la crise économique: le premier décile du niveau de vie a baissé de 3,5% en euros constants entre 2008 et 2013. Sur cinq ans la pauvreté a augmenté de 0,7 point. Cette hausse de la pauvreté touche surtout les ménages actifs, notamment les ouvriers, les familles monoparentales et les familles nombreuses ». Elle touche 19,5% de la population dans les grandes zones urbaines, notamment ceux qui habitent dans des logements locatifs sociaux autour de Paris de Lyon et d’autres grandes métropoles. Au passage, l’INSEE confirme que Nicolas Sarkozy et François Fillon ont surtout gouverné en faveur des plus riches. « Ainsi, entre 2008 et 2011, le rapport entre la masse des niveaux de vie détenue par les 20% les plus aisées et celle détenue par les 20% les plus modestes est passée de 4,3 à 4,6 », note l’étude.
L’INSEE note néanmoins une baisse des inégalités de manière globale depuis l’élection de François Hollande à l’Elysée. Mais il s’agit d’un nivellement par le bas. «Les inégalités baissent notamment parce que la part des revenus du patrimoine (revenus financiers, loyers perçus par les propriétaires louant un logement) dans le revenu disponible des ménages a nettement diminué, passant de 11,9 à 10,9% entre 2012 et 2013. Cette baisse concerne essentiellement les revenus d’assurance vie en 2012, puis les dividendes perçus en 2013 ». L’institut y ajoute la baisse des taux d’intérêts de certains placements. On sait que le Livret A, principal produit d’épargne d’une majorité de Français, n’est plus rémunéré qu’à 0,75% sur décision du gouvernement socialiste.
S’agissant du patrimoine des Français en 2015, l’étude nous indique que « près de 94% des ménages détiennent un patrimoine privé autre qu’un compte chèque et plus de 60% des ménages possèdent des biens immobiliers ». Plus précisément, 58,9% des ménages métropolitains sont propriétaires de leurs résidence principale ou accédants à la propriété. D’autres ont une résidence secondaire, voire des logements en location. Cela étant, les trois quarts des ménages endettés le sont pour un remboursement d’emprunt immobilier, auquel peuvent s’ajouter d’autres emprunts. 85,6% des ménages métropolitains possèdent un livret défiscalisé de type Livret A ; lequel rapportait encore 2,25% en 2011. Voilà pourquoi, en cumulant les titres de propriété de l’immobilier et les Livrets contenant quelques centaines d’euros, en plus d’autres produits d’épargne comme les assurances vie, on arrive finalement à près de 94% des ménages français dotés d’un bout de patrimoine. 
Ajoutons que l’acquisition du logement comme patrimoine passe par une longue phase d’endettement puisque la moitié des ménages âgés de 30 à 39 ans remboursent plus de 770€ de crédits par mois. Toujours à propos du logement, L’INSEE nous apprend que « le taux d’effort est de l’ordre de 28 à 30% des revenus pour les locataires du secteur libre et pour les accédants à la propriété. Il se situe autour de 25% dans le secteur social. Il est beaucoup plus faible pour les propriétaires non accédants déchargés des remboursements d’emprunts à leur résidence principale », nous dit l’Institut. Au point que dans son indice des prix, l’INSEE considère que les ménages ne consacrent que 7% de leur budget au logement, les remboursements d’emprunt étant assimilés à une épargne en cours d’accumulation. Ce qui permet aussi, à partir d’une moyenne nationale ainsi établie, de diviser par trois le taux d’effort réel des locataires des HLM comme du privé. Et de minorer en permanence l’augmentation des prix via les loyers. 

 

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