Après les multiples fermetures des commerces de la place de la Commune-de-Paris, les commerçants et les habitants craignent une désertion totale du quartier. Selon eux, ce serait surtout « un énième conflit politique » qui dégraderait la situation sur la Dalle. « On va finir par tous mettre la clé sous la porte, dénonce Jean Reich, opticien installé sur la place. Il ne reste plus qu’une dizaine de magasins sur la Dalle. On a beau écrire à AB-Habitat ou au maire, c’est pareil. Rien n’y fait. Ils veulent détruire le quartier, c’est dramatique ». Pourtant, autour de la place commerçante ternie par les rideaux fermés des magasins, on aperçoit un ensemble de tours immenses, où vivent plus de 15 000 Argenteuillais.
En trois ans, le quartier a subi la fermeture de plus de cinq commerces. Un bureau de tabac a été incendié, une agence de la Poste a été braquée et n’a pas rouvert Quant à la rôtisserie, elle sera transférée dans le centre-ville et ne sera pas remplacée. « Et l’escalator qui mène du parking à l’ancien Franprix, renchérit l’opticien. Pourquoi n’est-il toujours pas réparé ? Il ne faut pas s’étonner que les repreneurs fuient la Dalle ! M. Doucet et M. Mothron tentent respectivement de ternir l’image de l’autre ».
Pour Philippe Doucet, il n’en est rien. « Je n’ai aucun intérêt à ce que les projets reculent, lâche le vice-président d’AB-Habitat. Je reprends tout à zéro pour retrouver un repreneur. Le problème, c’est que le maire ne croit pas aux commerces ». Quant à ce dernier, il tente de passer outre la polémique. « Ma priorité, ce sont les habitants, martèle Georges Mothron. Je rencontre d’ailleurs les commerçants la semaine prochaine. Mais ce qui se passe sur la Dalle est scandaleux. »
Depuis la fermeture de Franprix, les habitants de la Dalle doivent quitter leur quartier pour faire leurs courses. Béatrice Bougdid vit ici depuis six ans et, selon elle, la dégradation de la place commerçante est fulgurante. « Tout manque ici, soupire-t-elle. On doit faire nos courses en bas. Alors pour les personnes âgées ou handicapées, ça devient compliqué. On a beau contacter AB-Habitat, on attend toujours. Et la nuit, tout est sombre ! Il n’y a aucun éclairage ! On ne nous considère plus. Sur la Dalle, tout est vide, le quartier est en train de mourir. Avant, on trouvait une pluie de magasins. Maintenant, on ne trouve qu’une petite épicerie. On nous laisse complètement tomber. »