Les adresses de trois logements jugés « indignes » ont été publiées dans le dernier bulletin municipal. Une initiative de plus de la ville pour dénoncer les propriétaires peu scrupuleux
Maïram Guissé | Publié le 16.01.2012, 04h28
La chasse aux marchands de sommeil est décidément déclarée à Bezons. Après le rallye logement dans les rues de la commune pour apposer des pancartes à l’endroit même où des propriétaires louent des logements jugés « indignes », la ville vient de publier les adresses de ces trois « habitations » dans le dernier journal municipal.
« Au 22, rue de l’Agriculture, le propriétaire d’un coquet pavillon loue une cave sans lumière et sans aération. C’est un récidiviste… » tacle la mairie communiste.
D’autres actions prévues
Quelques lignes plus loin, ce sont les propriétaires situés au 7, rue Edgar-Quinet et au 79, rue Jean-Jaurès qui sont pointés du doigt. La municipalité, sous l’impulsion du maire (PC), Dominique Lesparre, et du collectif pour le logement, entend bien éradiquer ce phénomène qui vise « à exploiter la misère des gens ». Bezons compterait 499 logements jugés potentiellement indignes. « Nous sommes déterminés à obtenir la condamnation de ces propriétaires peu scrupuleux », insiste-t-on à la ville. A Bezons en tout cas, cela n’émeut pas particulièrement. Mais, ce « fichage » des marchands de sommeil dans le journal municipal pourrait-il entraîner des dérives? « Non, insiste la commune. Ce que nous voulons, c’est aider des locataires impuissants afin qu’ils puissent vivre dans des endroits sains. » « Les propriétaires pourraient porter plainte pour diffamation, mais ils sont eux-mêmes hors la loi », renchérit Dominique Lesparre.
D’autres actions offensives et originales sont prévues dans les mois à venir. Les pancartes, sur lesquelles on peut notamment lire : « Ici un propriétaire se comporte en marchand de sommeil », sont toujours présentes. « Elles n’ont pas été dégradées, se félicite la mairie et, pour le moment, aucune plainte n’a été enregistrée à notre encontre. » Pour Bezons, le combat ne fait que commencer.
Le Parisien
FAHD habitant d’un logement insalubre
M.G. | Publié le 16.01.2012, 04h27
Un peu plus loin, rue Jean-Jaurès, Fahd, réceptionniste de 34 ans, est découragé. Il vit avec sa femme, une étudiante en commerce de 26 ans et employée dans la restauration. Ils partagent un deux-pièces devant lequel, là encore, la commune a planté un panneau. « Ces pancartes ne servent à rien, soupire Fahd, désabusé. La propriétaire n’a pas modifié son comportement. » Sa jeune épouse s’est installée dans ce logement « déjà dégradé », insiste Fahd, il y a trois ans. « Elle n’avait pas le choix, elle ne trouvait rien ailleurs », regrette le trentenaire qui est venu la rejoindre et partager « le loyer de 450 € par mois ». Malgré leurs protestations, le propriétaire ne fait rien pour remettre les lieux en état. « Ici, c’est inhabitable, il y a de l’humidité, l’électricité n’est pas aux normes, c’est inimaginable de vivre dans ces conditions, souffle Fahd. Et puis on n’a pas de bail, ni même de quittance de loyer. La propriétaire refuse de nous les donner. » Alors, depuis un an, ils ont décidé de ne plus verser de loyer. « On a arrêté de régler cette somme car la propriétaire n’a fait aucun des travaux qu’elle aurait dû faire », assure Fahd. Le couple a engagé une demande de logement en HLM. « Ça fait quelque temps déjà, mais ça n’a rien donné pour l’instant… »A quelques kilomètres de là, rue Edgar-Quinet, des logements déclarés insalubres « depuis 1984 », précise le maire, sont également habités. Ici aussi, un panneau dénonce la situation, bien qu’elle soit différente de la rue de l’Agriculture : cette fois, le propriétaire est introuvable depuis des années et laisse son bien immobilier à l’abandon. Du coup, Jama, 62 ans, « ne paie plus de loyer depuis 2000 ». Avec le temps, l’état de son logement déjà loin du « tout confort » se dégrade. « Les murs s’effritent, il n’y a pas de chauffage et les toilettes sont au fond de la cour », détaille-t-il en montrant du doigt les sanitaires. Les propriétaires des biens concernés n’ont pu être joints.
Le Parisien