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4 mars 2025 2 04 /03 /mars /2025 10:10

Les boxes situés sous la galerie marchande de la cité Joliot-Curie sont squattés depuis plusieurs années. Transformés en décharge sauvage, ils abritent une quantité impressionnante de déchets…

Argenteuil (Val-d'Oise), le 25 février. Le parking sous la galerie marchande de la cité Joliot-Curie sert de décharge sauvage depuis plusieurs années. LP/Thibault Chaffotte

Argenteuil (Val-d'Oise), le 25 février. Le parking sous la galerie marchande de la cité Joliot-Curie sert de décharge sauvage depuis plusieurs années. LP/Thibault Chaffotte

Difficile d’imaginer endroit plus glauque, plus répugnant, plus inquiétant. Le parking situé sous la galerie marchande de la cité Joliot-Curie, à Argenteuil (Val-d’Oise), a atteint un niveau d’abandon particulièrement alarmant. Les élus du groupe d’opposition Argenteuil solidaire et écologique ont écrit le mois dernier au préfet et à la mairie pour leur demander d’intervenir. « Ce parking constitue un risque pour la santé publique », alertent-ils dans leur lettre.

Les épaves de voitures se comptent par dizaines. Les premières sont stationnées dès la rampe d’accès. Une Opel aux pneus crevés et dont les joints commencent à être recouverts d’une mousse verdâtre aurait été laissée là il y a près de cinq mois. « Elle est à un gars qui a un camion de dépannage. Il ramène des voitures ici au lieu de les amener à la casse », indique Laïd, qui revendique quarante-cinq années de présence dans la cité.

Cette voiture Opel serait stationnée à l'entrée du parking sous la galerie marchande de la cité Joliot-Curie, à Argenteuil (Val-d’Oise), depuis plusieurs mois. LP/Thibault Chaffotte
Cette voiture Opel serait stationnée à l'entrée du parking sous la galerie marchande de la cité Joliot-Curie, à Argenteuil (Val-d’Oise), depuis plusieurs mois. LP/Thibault Chaffotte

Plus bas, le portail reste ouvert en permanence. « C’est un type qui l’a cassé avec son camion il y a plusieurs années. Après je l’ai réparé avec un copain, mais ils l’ont recassé », confie Laïd. Dans l’allée centrale, haute de plafond, certains commerçants ont garé leur camion à proximité de la porte qui mène au sous-sol de leur boutique. Les voitures qui suivent sont pour la plupart des épaves. « Un élu de la majorité est passé vendredi. Ils ont fait enlever pas mal de véhicules. Il y en avait trois fois plus », note Francis Gabouleaud (PCF) élu d’opposition.

Des marginaux dorment dans les boxes abandonnés

Trois énormes poteaux en béton placés sur le côté témoignent d’une tentative de remettre de l’ordre dans ce parking, il y a deux ou trois ans. La société Proximitis qui en gère une partie a tenté d’ériger un mur (elle n’a pas souhaité répondre à nos questions). Seuls les accès aux sous-sols des commerces devaient être préservés. Le but était de condamner l’ensemble des boxes — tous sont squattés, Proximitis ayant résilié tous les baux. Le mur a été démoli assez rapidement. Les plots en béton installés peu après n’ont pas résisté davantage.



Beaucoup des portes de boxes ont été forcées. Elles sont fermées par des cadenas bricolés pour la plupart. « Là, il y a un homme qui habite depuis quatre ou cinq ans. C’est un vendeur à la sauvette du marché », décrit Laïd. Il désigne un autre box qui sert d’habitation. « Là, c’est un Marocain. Il doit avoir 70 ans », ajoute-t-il. Un couloir qui mène à une gaine technique semble aussi avoir servi de lieu de couchage. Le lieu est tapissé d’un carton et de vêtements qui gisent au milieu de canettes de bière vides.

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Plusieurs boxes seraient aussi utilisés comme atelier de mécanique sauvage. Laïd en désigne, un, puis deux, puis trois. La présence de pièces automobiles et de pneus par dizaines semble le confirmer. Mais la majeure partie du parking sert surtout de décharge. Quelques dizaines de mètres après le portail d’entrée, les amas de déchets sont de plus en plus gros. La lumière des néons devient de plus en plus rare. La majeure partie des détritus se trouvent dans une autre partie du parking.

Des dizaines d'épaves de véhicules sont stockées dans le parking de la galerie marchande de la cité Joliot-Curie. LP/Thibault Chaffotte
Des dizaines d'épaves de véhicules sont stockées dans le parking de la galerie marchande de la cité Joliot-Curie. LP/Thibault Chaffotte

Celle-ci est la propriété du bailleur social AB habitat. Ce dernier avait fait condamner les portes qui y mènent, mais des dégradations ont rendu cet accès possible à nouveau. L’endroit est plongé dans l’obscurité totale. Une carcasse de voiture trône au milieu des immondices. De l’eau s’écoule du plafond. « Il y a des doutes sur la solidité de la dalle », remarque Francis Gabouleaud.

« Il faut tout nettoyer et mettre une surveillance »

Un escalier mène à une salle souterraine remplie d’une eau sombre et malodorante. « On m’avait dit que c’était une chaufferie », indique Francis Gabouleaud. L’eau s’est tellement accumulée qu’il n’est pas possible de descendre l’escalier en entier. « Il doit y avoir un mètre d’eau », juge Laïd. Les pompes de relevage ne fonctionnent plus depuis des dégradations commises sur un tableau électrique. « Il y a quelques jours, il y avait un tuyau qui partait d’ici et qui envoyait toute l’eau vers une grille d’égouts en surface, près des magasins. On ne pouvait pas s’approcher à 4 m tellement ça sentait », relate Francis Gabouleaud.

Le parking est devenu une décharge sauvage. Des personnes dorment même dans les boxes abandonnés. LP/Thibault Chaffotte
Le parking est devenu une décharge sauvage. Des personnes dorment même dans les boxes abandonnés. LP/Thibault Chaffotte

Le groupe d’opposition Argenteuil solidaire et écologique réclame que les pouvoirs publics condamnent l’accès à ce parking. Mais jusqu’à présent, les tentatives de Proximitis et d’AB habitat ont toutes échoué face à la détermination de certains acteurs du quartier. « Vous construisez des murs, ils les démolissent », déplore François Perrier, directeur d’AB habitat, qui ignore la nature exacte des activités qu’ils mènent dans ces lieux. Il y a six mois, le bailleur social a sollicité la préfecture sur ce sujet. Cette dernière a alors provoqué une réunion avec tous les acteurs concernés dont les commerçants, les services municipaux, la police et les propriétaires.

« La difficulté à laquelle on se heurte, c’est que cet endroit est privé, répond Xavier Péricat (LR), adjoint au maire d’Argenteuil. Ça fait plusieurs années qu’on enjoint le propriétaire à faire des travaux. » Il précise que Proximitis aurait déboursé deux fois 30 000 euros pour vider les déchets. François Perrier se montre optimiste. « Il faut tout nettoyer et mettre une surveillance, estime-t-il. Il faut donner une destination à ce parking. »

Il semble qu’il y ait une volonté commune de mettre un terme à cette situation. « Ça ne va pas se régler en un coup de baguette magique », prévient toutefois un acteur du dossier. Une réunion est prévue en mars et une commission de sécurité va aussi passer pour évaluer les risques. « Quelle que soit la solution, il y aura un coût et il faudra que quelqu’un l’assume », souligne une autre source.

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