Au terme de deux années de travaux, la cité champagne d'Argenteuil verra ses façades et parties communes rénovées (AB habitat)

Par Hugo Robert

Publié le 3 févr. 2023 à 10:55Mis à jour le 3 févr. 2023 à 11:17

Voilà plus de 10 ans que les locataires de la cité Champagne à Argenteuil (Val-d'Oise) attendent la rénovation des façades et des parties communes, dont l'état ne cesse de se détériorer. Le bailleur social AB habitat annonce que les travaux de rénovation vont enfin démarrer d'ici 3 à 4 mois, pour une durée de deux ans.

Cela fait bien longtemps que la vue imprenable sur la région parisienne ne suffisait pas à compenser la très lourde dégradation des conditions de vie dans la barre HLM de 379 logements. « C'est une cité à l'abandon. Les peintures tombent par terre dans les parties communes, il y a des tags dans les escaliers, ce n'est plus vivable », témoigne Patricia Doherty, présidente de l'amicale des locataires Indecosa CGT de la cité.

Si le lancement des travaux est bienvenu, après plusieurs années de retard, l'addition, elle a du mal à passer auprès des locataires. Le 8 décembre dernier, le conseil d'administration d'AB habitat a acté une augmentation de 10 % des loyers - au lieu de 5 % prévus en 2019 - pour compenser la hausse du tarif des travaux. Entre 2019 et 2022, le projet est passé de 17 à 20 millions d'euros, à cause de l'inflation du prix de certains matériaux et de l'énergie. « On n'est pas du tout d'accord sur les 10 % d'augmentation, les gens ne peuvent pas payer », s'insurge Patricia Doherty.

Or pour François Perrier, le directeur général nommé à la tête d'AB habitat en février 2022, cette réévaluation des loyers est nécessaire. « C'est un changement substantiel qui fragilise l'équilibre financier de l'opération », indique-t-il, alors que le bailleur va de son côté injecter 5 millions d'euros de fonds propre. A son arrivée, ce dernier a notamment ajouté la rénovation des façades de commerces et l'adaptation des salles de bains pour les personnes les plus âgées au programme. « La hausse de 10 % est raisonnable au regard de l'ampleur des travaux », estime François Perrier, alors que 2,5 millions d'euros supplémentaires seront investis dans les espaces extérieurs dans un second temps.

Autre argument pour le directeur général : la hausse des loyers ne pénalisera pas les publics les plus fragiles, majoritaires, qui bénéficient de l'APL, et qui feront des économies d'énergie en voyant leurs appartements passer de l'étiquette énergétique D à C. Un gain insuffisant selon l'Indecosa CGT, pour qui la revalorisation de l'aide au logement ne compensera pas la hausse des loyers et la flambée des factures d'électricité.

Et le cas de la cité Champagne n'est pas isolé parmi les 12.200 logements gérés par AH habitat. Le bailleur social a estimé à 250 millions d'euros sur 10 ans les besoins nécessaires à la réhabilitation de près de 5.000 logements. L'explosion des coûts de l'énergie met la réhabilitation au centre des préoccupations du bailleur social, qui craint de ne plus pouvoir louer les passoires thermiques et de se heurter à des impayés. « On a besoin d'être accompagnés par l'Etat pour faire les réhabilitations », plaide François Perrier, qui cherche des solutions de financements pérennes.

Hugo Robert