Pour eux, la bataille, commencée en mars 2016, avec l’annonce de ce projet par le maire (Lr) d’Argenteuil, Georges Mothron, en conseil municipal, ne s’est jamais arrêtée.
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Les membres du Comité Jean-Vilar et plusieurs associations de défense de l’environnement, des élus d’opposition ainsi que la France insoumise, qui s’opposent au vaste complexe immobilier (40 000 m2 de construction) prévu sur l’île Héloîse -ex-Cap Héloïse, rebaptisé Les Promenades Argenteuil -, appellent à une manifestation samedi 29 janvier, à partir de 15h, entre la salle Jean-Vilar et la mairie.
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Contrer « l’évasion commerciale »
Mi-septembre, 250 personnes s’étaient rassemblées devant cette même salle des fêtes. Dans le cadre de ce projet, celle-ci est vouée à la démolition.
Construite en 1970, elle ne répond plus, selon la municipalité, aux besoins d’une commune de 115 000 habitants, notamment pour accueillir de grands spectacles.
Les défenseurs de son maintien plaident au contraire pour sa rénovation et sa remise aux normes et surtout ils veulent qu’elle reste municipale, car pour eux, une salle de spectacle privée ne remplira jamais le même rôle auprès des associations ou des habitants.
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La démolition de Jean-Vilar et de Pierre-Dux fait donc partie d’un vaste projet qui comprend une salle de spectacles modulable (1 000 places assises, 3 000 debout), un complexe cinématographique de neuf salles et 40 mètres de haut, des enseignes de sports, de loisirs et de culture, des restaurants, un Intermarché ainsi que 156 logements -en R+5 et R+7-, qui seront une garantie financière pour le groupe Fiminco, qui porte ce projet avec la municipalité.
Trop grand, trop haut et trop dense disent les opposants tandis que la mairie se bat pour ce projet depuis presque six ans.
Georges Mothron : « Retrouver des commerces de qualité »
Selon le maire (Lr), Georges Mothron, il s’agit « de retrouver des commerces de qualité. La renaissance de l’île Héloïse est une pièce d’un puzzle ambitieux de la reconquête des berges ».
Le chiffre de 100 millions d’euros d’évasion commerciale a été avancé par Fiminco.
Selon la mairie et Fiminco, le centre commercial Côté Seine, ouvert en 2002, qui était censé être la locomotive du commerce argenteuillais, n’aurait pas joué ce rôle.
Le comité Jean-Vilar dénonce la « bétonisation » de l’île Héloïse et souhaite le maintien de cet espace de respiration, tandis que la municipalité souligne que le site de l’île Héloïse est déjà artificialisé, avec sa salle des fêtes et son parking.
Aux défenseurs des arbres du peintre impressionniste Claude Monet (la mairie affirment qu’ils ont été plantés après la guerre), les promoteurs soulignent l’importance des espaces verts dans leur projet.
Mais les opposants craignent aussi pour l’avenir du commerce de centre-ville et le devenir du Figuier blanc, le cinéma d’Argenteuil.
Pétition de 8 000 signatures et la députée est contre
La pétition du comité Jean-Vilar a réuni 8 000 signatures. Le 30 mars 2021, la députée Fiona Lazaar (Lrem) s’est exprimée publiquement contre le projet à la tribune de l’Assemblée nationale lors du débat sur le projet de loi Climat et résilience.
« Car ce type de projets commerciaux doit s’envisager ailleurs. Argenteuil ne manque pas, me semble-t-il, de friches industrielles », explique la parlementaire.
« Je reste convaincue que l’îlot Héloïse mérite un projet à taille humaine », ajoute-t-elle.
En septembre 2019, le projet avait été approuvé par le préfet du Val-d’Oise, représentant de l’État, malgré les réserves émises dans le rapport du commissaire-enquêteur dans le volet environnemental du projet.
Mission Métézeau en 2019
Mais compte tenu du contexte politique proche des élections municipales et de l’hostilité d’une partie de la population vis-à-vis de ce projet, le maire décide de sursoir à statuer pour le permis de construire pendant deux ans et lance une mission présidée par son adjoint de l’époque, Philippe Métézeau, ainsi qu’un sondage d’opinion.
Le maire affirme avoir tenu compte des recommandations de la mission Métézeau constituée en octobre 2019 pour faire de la concertation. Elle en avait pourtant conclu que l’idée d’adjoindre des logements au projet était rejetée.
Permis accordé fin novembre 2021
Fin novembre 2021, le permis de construire acordé par la Ville à Fiminco est affiché en mairie puis sur le site de Jean-Vilar. Deux mois plus tôt, les opposants au projet se manifestaient devant Jean-Vilar.