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23 août 2018 4 23 /08 /août /2018 06:04
Le gouvernement pas très clair sur les aides au logement
>Économie|Matthieu Pelloli (@MatthieuPelloli)|22 août 2018, 21h40|4
Julien Denormandie, le secrétaire d’État auprès du ministre de la Cohésion des territoires, le 22 août 2018. AFP/Bertrand Guay
 

Le gouvernement promet qu’il va économiser 1 milliard d’euros sans faire de perdants. Impossible, rétorquent les spécialistes du secteur.

Julien Denormandie, le secrétaire d’État auprès du ministre de la Cohésion des territoires, avait pour mission d’aller répandre la bonne nouvelle ce mercredi matin, au micro de Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV.

« Aujourd’hui, quand vous touchez des APL, on vous les verse en fonction de votre salaire ou de votre revenu d’il y a deux ans », détaille le jeune secrétaire d’État. Petite révolution au printemps prochain, les APL seront calculées en temps réel, c’est-à-dire sur vos revenus du moment. Tout le monde s’y retrouve, assure Julien Denormandie : les allocataires, bénéficiaires d’une aide calculée au plus près de leurs droits à l’instant T, et l’État, pour qui « cela fait à peu près 1 milliard d’euros d’économies ».

Bref, un vrai coup gagnant-gagnant avec « une mesure qui n’est pas une mesure de rabot, qui n’est pas une mesure budgétaire, qui est une mesure de justice », se félicite même le secrétaire d’État. Sauf que… personne n’y croit ! Et si le discours se veut limpide, il fait s’étrangler plusieurs spécialistes du logement.

«L’énième mesure d’un gouvernement des riches»

« Aucun miracle, aucune technique magique ne permet de garantir les mêmes droits en économisant 1 milliard d’euros, fustige Stéphane Peu, député (PCF) de Seine-Saint-Denis. Cette somme, c’est autant en moins dans la poche des allocataires. »

 

Michel Mouillart, économiste spécialiste du logement, élude l’effet d’annonce - « le calcul des APL en temps réel, tout le monde le demande depuis des lustres… »- et décrypte le tour de passe-passe : le gouvernement prend prétexte de cette modification pour « modifier le montant des ressources pris en compte dans le calcul du montant des aides personnelles ». Le verdict, dont le résultat définitif sera connu dans le projet de loi de finances (PLF) pour 2019 présenté cet automne, risque d’être douloureux : « On va sortir des gens du système et faire baisser le montant des prestations des ayants droit restants. »

 

LIRE AUSSI >Aides sociales : pourquoi l’Etat cible les APL et la prime d’activité
 

Les aides personnelles au logement (APL) bénéficient à 6,5 millions de foyers, soit 20 % de l’ensemble des ménages parmi les Français les plus modestes. « C’est l’énième mesure d’un gouvernement des riches au détriment des pauvres », soupire Stéphane Peu. « Elle est socialement très injuste et économiquement très discutable. » L’an passé, les APL avaient déjà été la cible d’économies.

Julien Denormandie, lui, nie toute entourloupe. Arguant que son milliard économisé ne tient qu’au passage aux APL en temps réel. Son raisonnement ? L’État place le curseur deux ans plus loin sur le calendrier, pendant ces deux ans, les revenus des Français ont augmenté, des allocataires sont sortis du système… Le discours prébudget est séduisant, mais il pourrait ne pas résister aux chiffres. Notamment à celui de la croissance qui ralentit, contredisant les prévisions optimistes du gouvernement.

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