Marie-Douce Albert - LE MONITEUR.FR - Publié le 15/02/18 à 17h22
Des grands noms aux représentants de la jeune génération, la profession se mobilise pour alerter le gouvernement et les parlementaires sur les orientations de la future loi sur le logement. Dans une tribune publiée par le journal « Le Monde », ils demandent à l’Etat de se poser comme le garant de la qualité de l’habitat en France.
Philippe PIRON - Lotissement de logements sociaux à La Ferté-Bernard (maîtrise d’ouvrage : Sarthe Habitat; architecte : Block).
Et de trois ! Après les deux premiers courriers adressés au gouvernement et à Emmanuel Macron par des représentants de la profession ces derniers jours, les architectes prennent à nouveau la plume. Dans une tribune publiée par le journal « Le Monde » le 15 février, et accessible ci-dessous dans son intégralité, ils sont quelque 300 à interpeller le Président de la République, le gouvernement et les parlementaires sur l’absolue nécessité de garantir la qualité du logement en France. Alors que le projet de loi Elan (Evolution du logement et aménagement numérique) doit être présenté dans quelques semaines en conseil des ministres, ils disent à leur tour, leur inquiétude au sujet du futur texte : « A ce stade, [il] semble ne plus garantir la qualité architecturale et urbaine de l’habitat que sont en droit d’attendre nos compatriotes. »
Alors que le Conseil national de l’ordre des architectes (Cnoa) avait, le 9 février, cosigné avec cinq autres organisations d’entrepreneurs et de concepteurs une lettre destinée à Matignon pour mettre en garde contre de potentielles atteintes aux règles de la commande publique, puis adressé le 13 février, une autre missive (site de l’Ordre), cette fois à l’Elysée, ce nouveau plaidoyer pour le « bien loger » a réussi à mobiliser nombre de professionnels et parmi eux de grands noms de la discipline : le Pritzker Jean Nouvel, les Grands Prix de l’urbanisme Frédéric Bonnet, Ariella Masboungi et François Grether, de Grands Prix nationaux de l’architecture, dont Rudy Ricciotti et Francis Soler, ou encore des lauréats du prix de l’Equerre d’argent.
Mais la jeune génération et notamment de nombreux Ajap ont aussi paraphé le texte. Ont également souscrits à cette tribune les architectes conseils de l’Etat (ACE), la Société française des architectes, l’Afex (Architectes français à l’export), des membres du Cnoa et des différents conseils régionaux. Apparaît en outre le nom de l’élu parisien Patrick Bloche qui, alors qu’il était président de la Commission de la culture de l’Assemblée, avait porté le texte de la loi Liberté de création, architecture et patrimoine (LCAP), adopté à l’été 2016. Cette liste est loin d’être exhaustive, d’autant que le 15 février dans l’après-midi, la tribune continuait d’engranger les signatures et avait été publiée sur une plateforme de pétition en ligne (site de Change.org).
Clairs et précis
La mobilisation est donc assez massive pour ce texte qui rappelle en termes clairs et précis certains enjeux de la politique du logement. Les auteurs n’ont ainsi pas hésité à rappeler quelques tristes faits tel que ce bilan de la Fondation Abbé Pierre qui comptabilise « près de 15 millions de Français (…) fragilisés, mal logés ou privés de domicile ». Ils dénoncent également la dégradation de la qualité de la production neuve et soulignent, par exemple, que «sur les dix dernières années, un trois pièces a perdu de 15 à 20 % de sa surface, soit l’équivalent d’une pièce ».
Rappelant que « se loger est un droit fondamental pour tous », les signataires émettent donc trois vœux : « que l’Etat soit le garant du maintien de la qualité architecturale des logements », qu’il « s’engage de façon ambitieuse dans la rénovation du bâti existant au-delà de la seule question thermique » et qu’il « soutienne une politique foncière novatrice ».
L'intégralité de la tribune intitulée « pour des logements de qualité au bénéfice de tous ».