Mercredi 20 décembre 2017 à 17:02
Le conseil municipal d'Argenteuil (Val-d'Oise) a voté hier soir (mardi 19 décembre) l’instauration d'une prime d'assiduité. L'objectif de la mairie est de réduire l'absentéisme. Mais les conditions d'obtention de cette prime sont drastiques, voire illégales selon certains contradicteurs.
Argenteuil, France
500 euros bruts par an et par agent, voilà ce que propose la ville d'Argenteuil (Val-d'Oise) en échange d'une assiduité parfaite. Car cette prime est dégressive : chaque jour d'absence, ce sera 25% de moins. Ce qui signifie qu'au bout de quatre jours, un agent absent perdra l'intégralité de sa prime.
Ceux qui supportent la charge de travail seront gratifiés. Georges Mothron maire (LR) d'Argenteuil
Reportage Instauration de la prime d'assiduité au conseil municipal d'Argenteuil du 19 décembre 2017
"C'est une prime supplémentaire, précise le maire LR Georges Mothron lors de la présentation de la délibération en conseil municipal. Ceux qui supportent la charge de travail seront gratifés". Comme Argenteuil, plusieurs communes veulent augmenter le taux de présence de leurs agents, diminuer les arrêts de travail, éviter les arrêts maladie ou les absences ponctuelles (voir l'exemple de Poissy dans les Yvelines).
Les femmes enceintes, les grévistes, les accidents du travail seront exclus de cette prime, c'est amoral et injuste. Pascal Videcoq, secrétaire CGT des territoriaux d'Argenteuil.
Mais pour les syndicats, cette "carotte ou prime à la présence" s'apparente plus à un bâton. Peu d'agents toucheront en réalité ces 500 euros bruts par an. "Les femmes enceintes, les grévistes, les accidents du travail seront exclus de cette prime, c'est amoral et injuste!" s'insurge Pascal Videcoq, secrétaire CGT des territoriaux d'Argenteuil.
Une prime anticonstitutionnelle?
Dans l'opposition, on pose la question de la légalité de cette mesure "La grève est un droit inscrit dans la constitution, nous irons au contrôle légalité", lance l'ancien maire d'Argenteuil, Philippe Doucet (PS). Il demande maintenant à l'Etat de se prononcer sur la légalité de cette mesure. Quant aux absences pour maternité, Frédéric Lefebvre-Naré (MoDem, opposition municipale) ajoute : "Donc une femme qui tombe enceinte en mars aura la double peine, pas de prime pendant deux ans puisque sa maternité sera à cheval sur deux années, c'est inacceptable".
La prime doit être instaurée dès le 1er janvier 2018. Interrogés par France Bleu Paris, ni le maire, ni le premier adjoint n'ont souhaité s'exprimer sur cette délibération.