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3 avril 2017 1 03 /04 /avril /2017 12:50
Zéro SDF, c'est possible dans 10 ans pour la Fondation Abbé Pierre

>Société|Joffrey Vovos|03 avril 2017, 7h15 | MAJ : 03 avril 2017, 10h42|5

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ILLUSTRATION. La Fondation Abbé Pierre dévoile ce lundi son plan pour faire diminuer voire disparaître le nombre de sans-abris.

LP/Frédéric Dugit

Joffrey Vovos

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Les sans-abri sont de plus en plus nombreux. La Fondation Abbé Pierre dévoile ce lundi un plan pour que plus personne ne dorme dans la rue d'ici à dix ans.

Les chiffres ont de quoi affoler : au moins 143 000 personnes sont sans domicile, dont 30 000 mineurs. C'est 50 % de plus qu'en 2001. L'effet de la crise économique, conjugué à des prix de l'immobilier qui ne cessent de grimper. Pourtant, il n'y a pas de fatalité, selon la Fondation Abbé Pierre (FAP), qui dévoile ce lundi «un plan pour en finir avec la vie à la rue». Objectif : zéro SDF en cinq ans dans les petites et moyennes villes, dix ans dans les métropoles.

 

«Ce n'est ni démagogique ni irréalisable. On a les outils pour s'assurer que, si ce n'est zéro, au moins le nombre de SDF devienne marginal. D'autres pays y parviennent, par exemple la Finlande, dont notre programme s'inspire», balaie Manuel Domergue, directeur des études à la FAP. Destiné à interpeller les candidats à la présidentielle, le plan -- dont le coût n'est pas chiffré -- s'appuie sur «six leviers principaux» qui doivent être actionnés «simultanément et durablement» : de la création de nouvelles places en centre d'accueil pour demandeurs d'asile à la mobilisation du parc privé.

 

Plus de HLM «vraiment sociales»

La Fondation rappelle d'abord qu'il faut construire davantage de HLM : 1,7 million de demandes sont toujours en attente. Selon le ministère, la production a pourtant atteint «un niveau historique» en 2016 avec 130 316 logements sociaux financés. Mais la Fondation Abbé Pierre considère qu'il faudrait parvenir à 150 000 par an. Des appartements qui, contrairement aux idées reçues, sont en grande partie financés par les loyers et les fonds propres des bailleurs. Leur construction nécessite aussi des subventions de l'Etat, les aides à la pierre, jugées insuffisantes : 250 millions d'euros l'année dernière.

 

Augmenter le nombre de HLM, oui, mais pas n'importe lesquelles, enjoint encore la Fondation Abbé Pierre : celles vraiment sociales (les prêts locatifs aidés d'intégration, ou Plai, et les prêts locatifs à usage social, ou Plus, aux loyers les plus bas), en donnant la priorité aux familles en grande difficulté. Dans un rapport publié en février, la Cour des comptes relevait que le parc social mobilise pour ces ménages «à peine 40 % de sa capacité». Dans le privé, alors que la trêve hivernale a pris fin samedi et que des familles vont de nouveau se retrouver sous la menace d'expulsions, la Fondation Abbé Pierre estime nécessaire d'offrir aux propriétaires une véritable garantie contre les impayés de loyer, comme celle prévue par la loi Alur mais finalement abandonnée.

 

La pension de famille, une solution plus pertinente

«Expulser, c'est la plus mauvaise des solutions. Or, on le fait de plus en plus. En 2015, on a battu un record : 14 400 procédures avec recours à la force publique, soit 24 % de plus que l'année d'avant», souligne Manuel Domergue. C'est également en ce moment que les hébergements spécialement ouverts pendant l'hiver pour les SDF ferment. Mi-mars, la ministre du Logement, Emmanuelle Cosse, a annoncé la création de 5 000 lits supplémentaires disponibles toute l'année, ce qui portera à plus de 125 000 ces places dites d'urgence. Une politique qui coûte cher : 1,3 MdEUR en 2015, dont une partie engloutie dans des nuits d'hôtel, faute d'autres solutions pérennes pour les sans-abri.

 

La Fondation plaide, elle, plutôt pour le développement de dispositifs proposant de vrais logements, comme les pensions de famille, qui offrent plus de stabilité et aident même les grands exclus à reprendre pied. «Au final, on aurait des coûts évités pour des solutions plus pertinentes et plus durables», commente Christophe Roberte, délégué général de la FAP.

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>A Alfortville, d'anciens SDF retrouvent un toit dans une pension de famille

 

 

Une promesse électoraliste ?

Zéro SDF ? Plusieurs politiques s'y sont déjà engagés par le passé. Lionel Jospin en 2002, mais il n'a pas été élu. Puis Nicolas Sarkozy, qui jurait en 2006 que «plus personne ne serait obligé de dormir sur le trottoir» d'ici deux ans s'il accédait à l'Elysée. Mêmes déclarations vaines en 2014 des candidats à la mairie de Paris, où se concentrent plus de 10 % des SDF. Et aujourd'hui, c'est Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la France insoumise, qui en fait son cheval de bataille.

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