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27 mars 2017 1 27 /03 /mars /2017 19:25
« On fabrique une lutte des places en Île-de-France »
PROPOS RECUEILLIS PAR CAMILLE BAUER
VENDREDI, 24 MARS, 2017
L'HUMANITÉ
Frédéric Paul
Délégué général de l’Union sociale pour l’habitat
Frédéric Paul Délégué général de l’Union sociale pour l’habitat
 

Frédéric Paul, délégué général de l’Union sociale pour l’habitat, qui fédère les organismes HLM, regrette que le logement social ne soit pas au cœur des propositions des candidats.

L’accès au logement est un vrai sujet pour les ménages, mais il n’est pas forcément exprimé comme étant au premier plan de leurs préoccupations. De ce fait, il n’est pas non plus au premier plan dans les propositions des candidats. Pourtant, il ne faut pas perdre de vue que c’est à partir du logement, et plus particulièrement à partir des discriminations urbaines, que démarrent toutes les inégalités : dans l’accès aux services publics, à une école de qualité, aux transports, à la sécurité. C’est vrai dans les zones urbaines en difficulté de certains quartiers prioritaires de la politique de la ville. Mais c’est vrai aussi à l’échelle du territoire français, où il y a des métropoles où se concentrent les créations d’emplois, les bonnes écoles, les réseaux de transport, et des villes moyennes, qui sont de plus en plus abandonnées. Ce qui nous étonne, c’est que les candidats n’aient pas plus travaillé sur ce lien entre discriminations urbaines et sociales. Nous aurions aimé qu’une plus grande attention soit portée à la réalité de ce que les gens vivent. Il faut dire que, globalement, la campagne reste sur des thèmes très généraux, pour ne pas dire des généralités.

Faire plus de logement social en Île-de-France

Il est aussi très inquiétant que certains candidats fassent du logement social un sujet d’opposition entre les différents segments de la société. C’est le cas, par exemple, quand un candidat dit dans son programme que les « un peu moins pauvres » ne devraient pas être dans le logement social en zone tendue. C’est toujours la même tentation. On joue les immigrés contre les Français ou les pauvres contre les un peu moins pauvres. On fabrique une lutte des places dans le logement social. La réponse, pourtant, c’est de faire plus de logement social. En Île-de-France notamment, et plus encore sur la métropole du Grand Paris où il y a un écart de un à trois entre le logement social et le marché, la question n’est pas de savoir qui est prioritaire, mais que les gens un peu moins pauvres aient aussi la possibilité d’avoir un logement social. Parce que les salariés plus ou moins précaires, ceux qui sont au service de la ville, les instituteurs, les employés, ne peuvent pas se loger dans le privé où les prix varient entre 17 et 20 euros le mètre carré par mois. Du coup, ils sont souvent contraints d’aller se loger très loin de là où ils travaillent. Ce sont eux qui ont besoin de logement. C’est pour eux qu’il faut faire plus de logement social, notamment là où il n’y en a pas ou pas assez.

Mais si on veut répondre aux besoins – et franchement, le logement est un besoin élémentaire comme respirer ou se nourrir –, tout le raisonnement tend à nous convaincre que les moyens sont définitivement rares. On nous dit que ça met en danger les équilibres économiques.

La réponse à la crise du logement est à la portée d’un pays comme la France. On apprend qu’une grande fortune d’un homme d’affaires français vient de passer la cap de 38 milliards d’euros. Où sont les repères ?

Frédéric Paul

Délégué général de l’Union sociale pour l’habitat

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