Dans les locaux de l’association Berges de Bezons situés au rez-de-chaussée d’un immeuble de la cité Roger Masson, les habitants entrent et sortent à l’envie lorsqu’ils voient que la porte est ouverte. Jeunes et moins jeunes discutent avec les éducateurs spécialisés, se confient, vident leur sac, demandent conseil. « Nous sommes une balise dans un quartier, les gens savent que notre parole a un sens et du poids ». Pourtant cette association spécialisée dans la prévention spécialisée de rue depuis 1992 est vouée à disparaître suite à de grosses difficultés de gestion de la direction. Des dysfonctionnements étaient notamment apparus depuis la mise en place d’une direction commune avec l’association Berges de Garges-lès-Gonesse et l’ouverture des actions, auprès d’un public encore plus jeune, mais sans moyen supplémentaire.
D'ici à la fin de l’année, Laurence, Sarah et Aimé, éducateurs expérimentés, militants convaincus de l’intérêt de leurs actions, vont perdre leur emploi. Pour eux mais aussi et surtout pour les habitants, disent-ils, ils ont décidé de se battre pour créer une nouvelle structure. Le maire (PC) de Bezons, Dominique Lesparre, qui finance déjà Berges à hauteur de 20% souhaite que cette association (du moins son activité) soit pérennisée. Il a donc envoyé un courrier au conseil départemental pour soutenir et argumenter la démarche de ces trois activistes qui n’ont jamais perdu espoir même face aux pires situations sociales. « De nombreux acteurs de la vie locale bezonnaise s’inquiètent de la possible disparition des actions de prévention menées par l’équipe d’éducateurs », remarque-t-il dans sa lettre soulignant le défi à relever de l’insertion sociale et professionnelle d’une « jeunesse laissée sur le bord du chemin ».
Berges suit 190 jeunes par an, de 10 à 25 ans, notamment ceux qui sont déscolarisés, en recherche d’emploi, de formation... Ils vont aussi vers ceux qui ont des problèmes de drogue ou qui tombent dans la délinquance et sont parfois amenés à témoigner aux assises. Ils travaillent essentiellement dans les quartiers prioritaires comme celui de l’agriculture en allant vers les jeunes mais aussi vers les parents ou les grands-parents. « Nous travaillons beaucoup sur le potentiel des jeunes autour d’ateliers et de projets culturels tout en portant un regard de bienveillance », expliquent les trois éducateurs habitués à créer un climat de confiance.
Une pétition de soutien circule également auprès de la population et a déjà recueilli plus de 1300 signatures.