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13 juin 2015 6 13 /06 /juin /2015 08:19

Maïram Guissé | 12 Juin 2015, 19h16 | MAJ : 12 Juin 2015, 19h16

Perchée sur les hauteurs d’Argenteuil, coincée dans une impasse, la cité Champagne domine la ville tout en étant à l’écart. Sa longue barre d’immeuble vieillissante et imposante, construite, en forme d’arc, dans les années 1960 interpelle. Au pied de l’immeuble, la plupart des rideaux de fer des commerces restent baissés.


Derrière les nombreuses fenêtres aux rideaux colorés, il y a Yvonne, une « ancienne » de 84 ans. « Je suis l’une des premières habitantes, annonce-t-elle fièrement. À l’époque, le bâtiment était encore en cours de construction, on s’installait escalier par escalier. » C’était en 1963. Elle était alors avec son mari et ses deux filles. Depuis, elle n’a jamais quitté son F 3. « Pourtant les conditions de vie se sont dégradées », constate-t-elle. Devant sa porte d’entrée, des stickers de fleurs roses sont collés. L’attention de cette locataire en ferait presque oublier les mégots et autres déchets jetés dans les parties communes. « Vous voyez, les gens ne respectent plus rien », souffle-t-elle, sans perdre son sourire. Et dire qu’avant Champagne faisait tourner les têtes. « Habiter ici, c’était le paradis, on était considéré comme des privilégiés », résume-t-elle tout en pénétrant dans son appartement parfaitement entretenu. Le rose domine dans le salon, la salle de bains… et sur ses ongles. De son balcon, elle admire la vue imprenable : tour Eiffel, Sacré-cœur, tour Montparnasse… « Je me souviens de mon premier 14 juillet ici, avec ma famille on admirait les feux d’artifice, détaille-t-elle, nostalgique. Maintenant, je n’ose plus inviter personne. » La vie a évolué et la frénésie des premières années a laissé place à la déception. « J’aime ma cité, j’aime mon HLM mais pas son évolution. Il y a de l’insécurité, c’est devenu sale, martèle-t-elle. Alors que les autres grands ensembles ont le droit à des rénovations, nous, on est oubliés, délaissés. » Le bailleur Ab-Habitat l’assure : « des travaux de réhabilitation sont prévus dès 2016 », détaille Philippe Rêve le directeur général. « Aujourd’hui, plus personne ne veut habiter ici », souffle Yvonne, amère. Pourtant, jamais elle ne quittera Champagne.Des traces d’urine marquent les murs. Sur un coin, le nom de la cité trône en violet, le graff coloré, réalisé par des jeunes en 2010, apporte un peu de gaieté à ce secteur qui en a bien besoin. Ici, 380 logements sont répartis sur treize étages et 14 halls. Ils offrent une vision vertigineuse sur la Défense et Paris.

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