Ils mènent la grève depuis... trente-huit jours ! « On lâche rien, on lâche rien », entonnaient, hier matin, les manifestants, devant la mairie d'Argenteuil. Depuis le 4 février, à l'appel de l'intersyndicale CGT, FSU, CFDT, les agents territoriaux de la ville sont en grève.
Déçus de ne pas avoir été reçus par le directeur général des services (DGS), Harold Matysen, comme promis le 9 février, les manifestants se sont invités dans le hall de la mairie. Le secrétaire national de la FSU et le secrétaire général de la CGT des services publics sont venus apporter leur soutien. « Personnel en colère », criaient-ils. Malgré la présence de policiers municipaux devant les accès aux étages, les grévistes ont réussi à monter au 3e, où se trouve le bureau du DGS.
Ils décideront lundi s'ils poursuivent le mouvement
« La prochaine fois, nous ferons appel aussi à la police nationale, car les comportements des grévistes sont inadmissible s », peste-t-on au cabinet du maire (UMP) Georges Mothron. Coup de sifflet, jets de deux fumigènes (dans les escaliers et dans le hall de la mairie), les manifestants ont fait monter la pression jusqu'à l'apparition d'Harold Matysen. Les discussions sont houleuses.
« On veut des réponses concrètes par rapport à nos revendications », insiste Pascal Videcoq, délégué CGT. L'intersyndicale souhaite la fin des « non-renouvellements de contrats », « la mise en place d'un dialogue social »... Dans l'auditorium, les huées fusent quand Harold Matysen prend la parole. « A chacune des manifestations, nous avons reçu une délégation », insiste le DGS. « Ils veulent une cogestion mais cela n'est pas possible », renchérit la municipalité. Quant à la politique budgétaire, la ville reste sur ses positions. Un ensemble de 115 contrats ne seront pas renouvelés cette année.
« Nous avons reçu une lettre de la préfecture hier (NDLR : jeudi) qui nous explique, comme cet été, que nos pouvoirs budgétaires sont suspendus le temps que les magistrats instruisent notre budget 2015, détaille le DGS. Vous pouvez être 100, 150, 200, 3 000 à manifester, la loi, c'est la loi ! » La situation est donc au point mort. « C'est un bras de fer mais qu'ils ne gagneront pas, assure-t-on au cabinet du maire. Si on cède, c'est toute la ville qui y perd. »
Les syndicats ne voient pas cela sous cet angle. Lundi, une assemblée générale est prévue à 9 heures, salle Pierre-Dux, pour décider si la grève se poursuit ou non.
La grève des agents territoriaux dure. Trente-huit jours déjà que l'intersyndicale CGT, FSU, CFDT, appelle les employés de la ville d'Argenteuil à se mobiliser. Hier, ils étaient « 245 grévistes », selon la municipalité.
« Le mouvement n'est plus très suivi depuis 25-30 jours » détaille le cabinet du maire (UMP) Georges Mothron. « C'est faux, assure Pascal Videcoq de la CGT. La municipalité veut minimiser notre action, alors qu'elle est suivie ! Aujourd'hui (NDLR : hier), ils étaient bien plus que 245. D'ailleurs, plusieurs accueils de centre de loisirs et la restauration scolaire n'étaient pas assurés. » Cette grève a par ailleurs un coût. « Les pertes s'élèvent à plusieurs dizaines de milliers d'euros », concède la ville.
Que veulent les syndicats ? Notamment « l'arrêt immédiat des recrutements en externe alors que des centaines de contractuels ne sont pas renouvelés, et que les agents en fin de contrat puissent bénéficier de toute l'aide de la direction des ressources humaines pour la recherche d'un futur emploi, insiste l'intersyndicale. Nous demandons également que les agents qui reviennent de congé maternité, parental ou longue maladie retrouvent leur poste... » Depuis le début du conflit, la municipalité campe sur ses positions. « Cette politique est liée à la situation financière dans laquelle nous sommes, nous n'avons pas d'autres choix », assure le cabinet du maire. Mardi, la ville reçoit d'ailleurs un représentant de la chambre régionale des comptes.