Le collectif de défense du centre d’hébergement d’urgence (CHU), fermé il y a plus d’un an, et qui était géré par la municipalité, réclame la création d’un lieu pour accueillir les personnes sans abri. Le maire assure qu’un projet est en cours.
Argenteuil, mardi 17 décembre. Les membres du collectif de défense du CHU ont manifesté devant l’hôtel de ville peu avant le conseil municipal. Facebook
Le centre d’hébergement d’urgence (CHU) d’Argenteuil a fermé ses portes en juillet 2023. Depuis, la plus grande commune du Val-d’Oise et la cinquième en Île-de-France (selon l’Insee) ne dispose plus de structure pour prendre en charge les personnes en précarité de logement ou les sans-abri.
« J’ai tout perdu », résume Farid, 64 ans. Il était hébergé par le CHU (il comptait 18 places d’accueil de nuit) depuis huit mois quand il a dû plier bagage. « On a été placé dans un centre à Saint-Prix. On était quatre du CHU. Je suis resté un an et demi », relate-t-il. Depuis un mois, il est hébergé dans une autre structure à Montigny-lès-Cormeilles. « Moralement, ça m’a flingué, la fermeture du CHU, confie-t-il. Il y avait une solidarité. C’était un point de repère. » Farid ne se contentait pas d’y loger, il y était aussi bénévole en tant que cuisinier. Aujourd’hui, il se débrouille en essayant de trouver des petits boulots où il peut. Sans accompagnement social, il a renoncé à refaire ses papiers qu’il a perdus après une agression. Une fois par semaine, il se rend à la Banque alimentaire. « Pour moi, ce n’est pas une vie », déplore-t-il.
Le collectif de défense du CHU, qui s’était constitué à l’été 2023, a manifesté devant l’hôtel de ville peu avant le conseil municipal, cette semaine. Membre du collectif et conseiller d’opposition, Omar Slaouti (DVG) a aussi interpellé le maire en séance : « Depuis la fermeture du CHU, il y a des personnes qui errent dans des sous-sols, dans des parkings mal éclairés, parfois dans des voitures. » Il a aussi évoqué la création d’un accueil de jour à Argenteuil que le maire avait promis. Le CHU en proposait un aux personnes en précarité. Elles pouvaient s’y reposer, se laver, manger et faire une lessive.
Un accueil de jour ? « On ne sait ni où, ni quand »
Le maire, Georges Mothron (LR) a rappelé que l’hébergement d’urgence ne figurait pas dans les compétences obligatoires d’une commune. Le projet d’accueil de jour semble toujours d’actualité. « Lors d’une rencontre il y a quelques semaines, on a demandé à un partenaire extérieur qui est habitué à gérer des accueils de jour de nous faire une proposition. On l’attend dans les semaines qui viennent », a-t-il indiqué.
C’est déjà ce qu’il aurait répondu au collectif de défense du CHU qui l’avait interpellé à ce sujet. « On ne sait ni où, ni quand c’est prévu, déplore Anne-Marie Barthélémy, sa porte-parole. Il ne faudrait pas que ça traîne trop. » Elle compte s’adresser au préfet : « Ce n’est pas normal qu’Argenteuil ne prenne pas sa part. »
Si, en dix-huit mois, aucun projet d’accueil de jour n’a émergé, le bâtiment où se trouvait le CHU n’a pas subi non plus d’évolution. Pourtant, la municipalité avait fait état d’un projet immobilier à cet emplacement. « Je pense qu’en un an et demi, on aurait dû voir quelque chose émerger », estime Philippe Métézeau (DVD), ancien adjoint de Georges Mothron, qui avait exprimé son désaccord quant à la fermeture du CHU. Le projet pourrait s’être heurté au fait que les sous-sols abritent un parking qui appartient à l’État. « Les bâtiments du centre sont toujours là, tristement vides, soupire-t-il. On aurait pu au minimum les maintenir en fonction tant que leur démolition n’est pas indispensable. »
Un bâtiment « d’une saleté incroyable »
Il semblerait que le bâtiment ne soit pas vraiment resté vide. « Il a été gardienné pendant plus d’un an et récemment il était ouvert aux quatre vents », indique Anne-Marie Barthélémy. Elle a pu pénétrer à l’intérieur alors que le bâtiment n’était pas fermé. « C’est d’une saleté incroyable ! », déplore-t-elle. « Il y a de la merde sur les murs. Tout est cassé. Et les frigos sont encore en marche », ajoute Omar Slaouti.
En l’absence de projet immobilier, une question reste sans réponse : pourquoi fallait-il fermer le CHU ? « Ça s’est fait en urgence », rappelle Philippe Métézeau. L’annonce a eu lieu en conseil municipal début juillet et la fermeture a eu lieu un mois après. Georges Mothron avait évoqué la sédentarisation des personnes hébergées sur place. « Il avait sûrement raison, ce n’est pas la vocation d’un CHU, mais pour moi ça ne justifie pas sa fermeture », juge Philippe Métézeau.
La municipalité avait aussi formulé la possibilité d’utiliser le Foyer soleil pour créer des places d’accueil des SDF. Il s’agit d’une résidence autonomie pour personnes âgées où 37 logements sont gérés par le centre communal d’action sociale. Il semblerait que ce projet n’ait finalement jamais vu le jour.