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18 juin 2020 4 18 /06 /juin /2020 21:36

Avec la crise sanitaire et économique liée au coronavirus, certains locataires ont du mal à payer leur loyer. Plusieurs experts donnent des pistes pour faire face.

 Illustration. Fin avril, 18 % des locataires en Ile-de-France craignaient d’avoir du mal à payer leur loyer. Illustration. Fin avril, 18 % des locataires en Ile-de-France craignaient d’avoir du mal à payer leur loyer.  LP

Ne pas pouvoir payer son loyer, ses traites de remboursement de prêt. Avec la crise sanitaire du Covid 19 et la crise économique qui l'accompagne, cette angoisse est devenue une réalité pour certains.

Fin avril, 18 % des locataires craignaient, selon un sondage de Se Loger, de ne pas pouvoir payer leur loyer. Même si le chômage partiel a amorti le choc et que l'activité reprend, la question reste prégnante pour de nombreux locataires et propriétaires. Selon l'étude de l'IRES (Institut de recherches économiques et sociales), 2 millions de Franciliens sont touchés par une baisse de revenus et donc potentiellement en difficulté pour payer leur loyer ou leurs traites immobilières. Autre signe : le numéro national « SOS loyers impayés » mis en place par l'ANIL, est passé de 1 475 appels en janvier à 3 964 en avril et 2 604 en mai.

Résultat d'une plus forte communication mais aussi d'une plus grande préoccupation. Si vous êtes concernés par ce problème, voici huit conseils d'experts pour faire face.

Contacter l'Anil. « On a une montée en tension, mais on ne peut pas parler de tsunami d'impayés, estime Louis du Merle, responsable du pôle juriste à l'Anil. Ce qu'on peut dire, c'est que les locataires du parc privé nous beaucoup plus sollicités que d'habitude. On a aussi des gens qu'on ne voyait jamais : des gérants de petites entreprises qui appelaient en préventif, des étudiants ou de jeunes retraités ».

En cas de difficulté, il conseille fortement d'appeler le numéro « SOS loyers impayés » 0 805 160 075 (gratuit). « Les gens auront des juristes en droit immobilier ou en droit du logement de l'Adil de leur secteur au bout du fil. On a un panorama d'outils qui peuvent être mobilisés. Les juristes vont pouvoir orienter le ménage vers le mécanisme qui peut lui correspondre car il y a des spécificités locales », reprend-il. En Ile-de-France, chaque département dispose d'une agence départementale (Adil).

Refaites un point sur vos droits. D'après Louis du Merle, beaucoup de gens ne savent pas qu'ils peuvent prétendre à des aides de la Caisse d'allocations familiales pour leur logement. Il conseille de faire une simulation sur le site Internet. Pour ceux qui sont déjà bénéficiaires d'aides au logement via la CAF : « Il a été préconisé de ne pas suspendre les aides au logement en cas d'impayé pour ne pas aggraver la situation des gens », précise Cécile Nlend, juriste chez Pap.fr. Renseignez-vous aussi auprès des organismes où vous cotisez. L'Agirc-Arrco, caisse de retraite complémentaire du privé, a ainsi créé une aide d'urgence pour les salariés cotisants et les dirigeants salariés du secteur privé. Celle-ci sera allouée une fois et pourra atteindre 1 500 euros en fonction de la situation du demandeur. Montant de l'enveloppe globale : 200 millions d'euros !

N'attendez pas et prévenez votre bailleur. Bien que la trêve hivernale des expulsions soit reportée au 10 juillet, le juriste de l'Anil le martèle : « La clé de la prévention, c'est d'agir vite. Se cacher derrière son petit doigt n'est pas la chose à faire. Il faut assumer les difficultés », reprend Louis du Merle. Le mot d'ordre est d'essayer de trouver une solution à l'amiable en demandant un échelonnement ou un report. « C'est plus facile et indolore de saucissonner un loyer sur douze mois, que d'attendre que la facture d'impayés s'alourdisse », ajoute-t-il.

La nouvelle aide d'Action logement. Annoncée jeudi dernier par le groupe et le ministère du Logement, la plateforme ne sera accessible qu'à partir du 1 er juillet. Il s'agit d'une aide pour permettre aux salariés confrontés à une perte de revenus ( NDLR, baisse d'au moins 15 % ) et aux demandeurs d'emploi de payer leur loyer ou leur prêt immobilier. Montant : 150 euros par mois pendant une durée maximum de deux mois pour les salariés éligibles dont les ressources sont inférieures à 1,5 smic. Renseignements : www.actionlogement.fr. « C'est une réponse partielle, mais qui ne couvre pas les retraités modestes, les étudiants ou les bénéficiaires de minima sociaux… Il faudrait une aide plus large de l'ordre de 200 millions d'euros, plus homogène et simple », estime Christophe Robert, délégué général de la Fondation abbé Pierre, qui redoute, une vague d'expulsion dans les mois qui viennent.

Le Fonds de solidarité pour le logement. Doté de 350 millions d'euros, le FSL est placé sous la responsabilité des conseils départementaux ou des métropoles. L'aide peut aussi bien concerner un logement privé, qu'un logement public, un locataire ou un propriétaire occupant. Elle est soumise à des conditions de ressources en fonction de la composition de la famille. « Cela peut être un prêt ou une subvention. Chaque département définit ses critères d'attribution. Ça n'est pas uniforme », reprend Cécile Nlend. Le mieux est de s'adresser à votre conseil départemental ou d'appeler « SOS loyers impayés ».

Propriétaires, attention aux baisses de loyer… Baisser le loyer pendant un temps est généreu x, mais peut être « pénalisant pour le bailleur, notamment en zone tendue comme en région parisienne » prévient Cécile Nlend, la juriste de Pap.fr. « C'est engageant et cela pose potentiellement un problème fiscal derrière car c'est une somme offerte. C'est comme une donation, il y a des frais derrière… D'autre part, une fois que vous avez baissé le loyer, vous ne pouvez pas l'augmenter pour le prochain locataire sauf en cas de travaux ou dans le cadre de l'augmentation classique. »

… et pensez à la garantie loyers impayés. Même s'il dit avoir eu « très peu d'impayés » durant la période, Frédéric Teboul, directeur de cinq agences Guy Hoquet à Paris et d'un cabinet qui gère 1600 biens, conseille désormais aux propriétaires de prendre une assurance « garantie loyers impayés » (GLI), qui couvre, comme son nom l'indique les loyers impayés. L'assurance, payée par le propriétaire, représente 2,1 % du loyer. Idem chez la plateforme Unkle (2 %). Le nombre de GLI a ici grimpé de 150 % pendant le confinement ! « On a eu beaucoup d'impayés liés au chômage partiel, mais pour la plupart des cas, les difficultés sont passagères », note Gabriel de Chazournes, responsable des ventes chez Unkle.

Locataires, protégez-vous. Plusieurs sociétés proposent de se porter garant pour le locataire. Chez Unkle, ce dernier paie l'équivalent 3,5 % du montant du loyer, charges comprises (ex : 1035 euros pour un loyer de 1000 euros). Le propriétaire est assuré de toucher son loyer. La société vérifie l'éligibilité des dossiers. « Tous les chiffres ont explosé avec le déconfinement. On a multiplié par deux nos signatures mensuelles », reprend-il. Pour les moins de 30 ans ou les plus de 30 ans en mobilité, il existe la garantie VISALE, gratuite et portée par le groupe Action logement. Le loyer ne doit pas excéder 1500 € et l'aide est plafonnée à 36 mensualités d'impayés. www.visale.fr. Attention, il est interdit de cumuler caution solidaire et assurance, sauf pour les étudiants.

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