A l'appel de plusieurs organisations dont la C.G.T.
Une marche blanche était organisée ce mercredi soir en soutien à Sébastien Maillet, un habitant blessé gravement à la main par une grenade GLI-F4 samedi, lors de l’acte 13 des Gilets jaunes à Paris. Pour les manifestants présents, il faut interdire ces armes.
« On s’est vraiment senti touché que le jeune soit Argenteuillais. Ce n’est pas normal ce qui s’est passé », souffle Véronique dans le cortège, une pancarte « Soutien à Sébastien », à la main. « On ne peut pas répondre à une manifestation par des armes, estime André. On n’avait jamais vu ça, enfin, pas depuis 1968. » Ce couple de quadragénaires n’a jamais participé aux mobilisations des Gilets jaunes à Paris. Mais ce soir, comme près de 200 personnes, ils sont venus à la marche de soutien à Sébastien Maillet, un plombier de 30 ans, qui a eu la main arrachée par une grenade de désencerclement, dans les rues de la capitale, samedi, lors de l’acte 13 des Gilets jaunes.
« Il faut montrer qu’il y a beaucoup de gens qui dénoncent cette violence », glisse André. « La liste des blessés pourrait s’allonger à l’infini et tout le monde s’en moque », dénonce de son côté Christian. Parmi les revendications des manifestants : l’interdiction pure et simple du lanceur de balles de défense (LBD) et des grenades de désencerclement, utilisés par les forces de l’ordre lors des manifestations. « Il faut que cela cesse, il faut arrêter ces armes, lâche Sandra, la sœur de Sébastien. Je suis en colère, je n’aurais jamais imaginé une telle violence. Et ça va continuer… »
Jérôme Rodrigues veut faire réagir l’opinion publique
Sur des vidéos de la scène, on voit un manifestant, probablement Sébastien Maillet, se rapprocher d’une grenade tombée au sol avant qu’elle n’explose. Si une enquête judiciaire a été ouverte pour déterminer les circonstances de l’accident, certains estiment que Sébastien l’aurait ramassé délibérément, peut-être pour la renvoyer vers les forces de l’ordre. « Quoi qu’il en soit, cela ne change rien, rétorque Véronique. La grenade explose dans tous les cas. »
Pour Jérôme Rodrigues, une des figures du mouvement des Gilets jaunes, « il faut faire réagir l’opinion publique, que l’ensemble du peuple français s’inquiète ». Venu apporter son soutien à la famille, cet ancien commerçant de 39 ans a perdu définitivement l’usage de son œil droit, après avoir été blessé lors de l’acte 11. Il met en cause l’utilisation d’un lanceur de balles de défense : « Quand on l’ouvre, on perd un œil, on perd un bras… Ce n’est pas une violence policière, c’est une violence gouvernementale. »
Des quidams, des Gilets jaunes, mais pas seulement
« Pas de justice, pas de paix », « Justice partout, police nulle part », « Handicapé, blessé ou tués, halte à l’impunité des policiers »… Ce mercredi soir, les slogans riment avec « convergence entre quartiers populaires et Gilets jaunes », estime Pierre, un Gilet jaune parisien. « Je reconnais que j’étais moins sensible aux violences policières, avant, glisse-t-il. Je ne m’attendais pas à un tel niveau de répression de la part du gouvernement. »
Dans la marche, étaient aussi présents des membres du collectif Vérité et justice pour Ali Ziri, d’Argenteuil-Stop-Violences-Policièresou encore de Désarmons-les. Au niveau national, depuis le début du mouvement social, 133 plaintes ont été déposées pour violences policières à l’inspection générale de la police nationale (IGPN), selon le ministère de l’Intérieur.