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27 janvier 2019 7 27 /01 /janvier /2019 09:38

 

Un très bon film passe actuellement sur les écrans du Figuier blanc, puis il passera sur ceux du Jean Gabin, Les Invisibles, sur la vie de femmes à la rue recueillies par une structure sociale où le personnel, malgré tous les obstacles, se bat comme des damnés pour les aider à remettre le pied à l’étrier. Une vision sans aucun misérabilisme. La vérité vraie sur une réalité bien grise d’une société pourtant parmi les plus riches du monde où l’exclusion, le chômage et la crise de la société ne cessent de faire des ravages toujours plus profonds. A voir et à faire voir.

 

http://www.argenteuil.fr/258-cette-semaine-au-figuier-blanc.htm
 
Les Invisibles

Une comédie sociale

savoureuse et régénérante

2018 Réalisé par Louis-Julien Petit  avec Audrey Lamy, Noémie Lvovsky, 
Y
 
On aime beaucoup

Les Invisibles: Trailer HD

Télérama

La critique par Marie-Hélène Soenen

Lady Di, Brigitte Macron, Beyoncé et les autres trépignent devant les grilles de L’Envol. Enfin, pas les vraies, mais des sans-abri qui se choisissent un pseudonyme lorsqu’elles viennent trouver un peu de répit dans ce centre d’accueil de jour pour femmes dans le Nord. Une douche, un café, quelques heures au chaud. Elles saisissent aussi la main que leur tendent les travailleuses sociales Audrey et Manu, et les bénévoles comme Hélène. Mais un jour, le couperet tombe : seulement 4 % des femmes accueillies à L’Envol ont réussi à se réinsérer. Bien trop peu pour la municipalité, qui « ne peut plus continuer à dépenser sans résultats » et en conclut qu’il faut fermer le centre. Manu et Audrey décident d’y installer clandestinement un atelier thérapeutique et un dortoir…

Cinq ans après son premier long métrage, Discount, dans lequel les employés d’un supermarché low cost se rebiffaient, Louis-Julien Petit orchestre l’acte deux d’une désobéissance civile jubilatoire. Avec Les Invisibles, il réussit un tour de force : transposer une saisissante matière documentaire sur le quotidien des femmes sans domicile fixe (1) en pétillante comédie sociale. Tout sonne juste. Le casting, porté par quatre attachantes figures de résistantes : Audrey Lamy et Corinne ­Masiero, si sincères en assistantes sociales risque-tout, Déborah Luku­muena, exquise tornade, et Noémie ­Lvovsky, parfaite « Bree Van de Kamp de Roubaix » (la bourgeoise bien comme il faut de la série Desperate Housewives) dont le couple vole en éclats… A leurs côtés, on découvre Dalida ou Edith Piaf, une dizaine de femmes qui, toutes, ont connu la grande précarité ou la rue et, pour beaucoup, tiennent ici leur premier rôle, parfois inspiré de leur propre vie. Dirigées avec humour et filmées avec cœur, elles se révèlent.

La justesse est aussi dans l’équilibre entre feel good movie et cinéma engagé. Si ce fol épisode de solidarité se joue surtout entre les murs protecteurs de L’Envol, il laisse entrevoir la violence de la rue par touches subtiles — quand la caméra s’attarde sur le mobilier « anti-SDF » qui a envahi les centres-villes, quand les silhouettes usées bringuebalent des cabas contenant toute une vie à bout de bras, ou quand une agression sexuelle est suggérée. Au fil de ce film régénérant, ces femmes, représentées comme rarement au cinéma, ne nous apparaissent plus comme des SDF invisibles mais comme des êtres aux vies, aux personnalités et à la vitalité ­précieuses.

 

(1) Le documentaire Femmes invisibles. Survivre dans la rue (2015) et le livre Sur la route des invisibles. Femmes dans la rue (éd. Michalon, 2015), de Claire Lajeunie.

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