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11 novembre 2018 7 11 /11 /novembre /2018 20:48
Immeubles insalubres : au moins deux millions de logements à surveiller
>Économie|Odile Plichon|09 novembre 2018, 19h58|MAJ : 09 novembre 2018, 21h08|14
Lorsque les autorités sont alertées par les habitants ou le syndic, elles peuvent, comme ici à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), émettre un avis de péril imminent et murer un immeuble jugé fragile. LP/V. T.

 

Le drame qui s’est noué à Marseille cette semaine remet sous les feux des projecteurs ces milliers de copropriétés insalubres.

Deux immeubles réduits à l’état de gravats, faisant huit morts à Marseille, lundi. Un autre immeuble s’effondrant à Charleville-Mézières, sans faire de victimes, jeudi. Ces derniers jours, l’actualité a remis sous les feux de la rampe le problème de la grande vétusté d’une partie du parc immobilier français.

Un phénomène dont il est difficile de mesurer l’ampleur, tant les données chiffrées sont éparpillées, mais « qui pourrait devenir un vrai sujet dans les années à venir », estime Xavier Borde, le président du réseau immobilier Procivis.

 

 

 

D’après les chiffres de la Fondation Abbé Pierre, 107 000 copropriétés font partie des immeubles « les plus fragiles », soit environ 2 millions de logements, dont un quart situé dans les seules ex-régions PACA, Corse et Languedoc Roussillon ! Une estimation basse pour Emile Hagège, de l’ARC (Association des responsables de copropriétés), qui rappelle que « depuis 10 ans, les charges ont bondi de 40 %. Les gens ne suivent plus ».

Un plan à 2,7 milliards d’euros sur 10 ans

Hasard de calendrier, le mois dernier, le gouvernement avait présenté son plan « Initiative copropriétés », qui vise à aider des copropriétés en difficulté à lancer des travaux - 2,7 milliards d’euros seront injectés en dix ans. Quatorze sites (à Mulhouse, Marseille, etc.), concernant 23 330 logements, sont jugés prioritaires. Et ce plan n’exclut pas l’idée de démolir certains appartements.

 

 

« Attention : il s’agit ici de très grosses copropriétés comme Grignyou Clichy-sous-Bois, qui ont des soucis financiers mais dont la structure est le plus souvent solide », nuance un bon connaisseur du dossier. « Le vrai problème, confirme Christophe Robert, le délégué général de la Fondation abbé Pierre, ce sont les petits immeubles privés de 10 logements, dont les propriétaires sont trop pauvres pour financer des travaux. On revient sur un problème de pouvoir d’achat. »

Le hashtag #Balancetontaudis remporte un certain succès

Comment prévenir les drames ? Comme l’a montré le cas de Charleville-Mézières - où une habitante a alerté juste à temps -, en France ce sont les habitants ou les syndics qui sont tenus de tirer la sonnette d’alarme auprès des mairies ou préfectures, s’ils détectent un gros souci dans le bâti. A Marseille depuis deux jours, le hashtag #Balancetontaudis remporte un certain succès sur les réseaux sociaux.

 

 

 

A charge ensuite pour la mairie, si nécessaire, de publier un arrêté de péril (problème de construction), ou d’insalubrité (souci de santé publique), qui lui permet le cas échéant d’évacuer les lieux en utilisant son pouvoir de police voire de murer le bâtiment. « En fait, il existe déjà pas mal d’outils légaux à la disposition des mairies ou des préfectures pour s’attaquer au problème, rappelle Jean Baptiste Eyrault de Droit au logement. Encore faut-il les utiliser… »

 

LIRE AUSSI >La difficile surveillance des logements à risque

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