Comme chaque année, la CGT participe ce 17 octobre à la Journée internationale du refus de la misère, avec d'autres organisations et associations telles qu'ATD quart-monde. Au-delà du rassemblement organisé à Paris au Trocadéro (parvis des Droits de l'homme et des libertés) sur un thème qui invite à passer « de la déclaration à l'action », la confédération défend une série de propositions, à la fois pour répondre à l'urgence et pour s'attaquer aux causes structurelles de la pauvreté. Elle les a exposées lors d’une conférence de presse le 16 octobre à laquelle participaient Fabrice Angéi, Corinne Verzeletti (secrétaires confédéraux) et Alain Alphon-Layre (conseiller confédéral).
La politique gouvernementale favorise pauvreté et inégalités
Il y a d'autant plus urgence que si Emmanuel Macron a présenté, le 13 septembre dernier, un plan censé lutter contre la pauvreté, toute la politique qu'il met en œuvre ne fait au contraire que la générer et la nourrir.
Ainsi de la loi Travail qui, en détricotant le droit du travail, précarise les salariés, favorise leur ubérisation et restreint en même temps leurs droits de recours. Ainsi de la réduction drastique des services publics, qui s'avèrent pourtant un amortisseur irremplaçable des conséquences de la crise. Ainsi des attaques contre les transports publics, contre l'accès au logement. Ainsi des suppressions de postes de conseillers à Pôle emploi, ou à la CAF, ou encore des restrictions en matière de prestations sociales ou de pensions, tandis que l'ISF est remis en cause et que le CICE est pérennisé à coups de dizaines de milliards d'euros…
Travail et salaire décents : indispensables
Les premières propositions de la CGT concernent donc le travail, sa reconnaissance et sa rémunération. Ainsi, elle revendique une revalorisation du Smic à 1800 euros brut pour une première embauche sans diplôme ni qualification, comme point de départ de toute la grille salariale. Cela s'accompagne de la revendication d'un nouveau statut du travail salarié « garantissant à chacune et chacun des droits individuels et transférables » d'une entreprise et d'une branche à l'autre, s'appuyant sur un socle de garanties interprofessionnelles élevées avec la mise en place d'une sécurité sociale professionnelle.
L'insertion -professionnelle et sociale- demeure aussi pour la confédération un enjeu majeur, et elle réclame que celle-ci devienne un thème de négociation collective. Dans ce cadre, les salariés qualifiés de « sans-papiers » doivent accéder aux droits de salariés grâce à des mesures législatives et réglementaires leur permettant des conditions de vie décentes. De même est-il urgent de sortir les travailleurs handicapés de la précarité et de l'exposition massive au chômage, insiste la CGT.
La lutte contre la pauvreté suppose des droits reconnus
La confédération développe d'autres revendications en faveur de droits enfin reconnus : droits « à un revenu de remplacement décent pour toutes et tous », « à une éducation et une formation permanentes émancipatrices », « à une protection sociale garantie par la sécurité sociale » avec le retour à la retraite à 60 ans à taux plein ; « au logement pour toutes et tous », « à l'énergie », « à la culture et au sport », « aux transports ». Précisément parce que l'égalité des droits contribue à sortir de la pauvreté, au bénéfice des premiers concernés comme de toute la société.
Accompagnement
La confédération de Montreuil revendique un droit à l'accompagnement, par des professionnels qualifiés, reconnus et en nombre suffisant, dans le cadre d'un vrai maillage de proximité.
Enfin, une attention particulière doit être portée à l'Inclusion bancaire et à la lutte contre le surendettement. La CGT propose notamment de ce point de vue la mise en place d'un système de « micro-crédit » spécifique, sécurisé et encadré.
Territoire zéro chômeur
Lutter contre le chômage et contribuer à ce que les privés d'emploi bénéficient de leurs droits est pour la confédération un incontournable, au quotidien.
Il s'agit aussi de favoriser le retour à l'emploi décent, en rejetant toute concurrence entre les salariés. C'est dans cet esprit que, comme l'explique Fabrice Angéi, « des organisations de la CGT se sont inscrites dans l'initiative Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée qui consiste à proposer à tout chômeur de longue durée volontaire un CDI à temps choisi censé ne pas faire concurrence à des emplois existants. Il s'agit, pour notre part, d'éviter toute dérive, toute niche nouvelle à précarité et de permettre aux personnes l'accès à un emploi digne et à une insertion sociale. C'est pourquoi nous réclamons un bilan de cette expérimentation. »
C'est dans ce cadre que l'Union départementale de Meurthe et Moselle organise le 13 décembre prochain à Nancy une initiative sur le sujet. À suivre donc.