La municipalité doit préparer son budget en tenant compte de la pénalité financière qui lui est infligée par la préfecture.
« Nous vivons cette loi Solidarité renouvellement urbain (SRU) comme une injustice, j’ai l’impression que nous sommes pris en otage. » Alors qu’elle prépare son budget 2018, la maire (DVD) d’Auvers-sur-Oise Isabelle Mézières ne décolère pas. La ville vient d’être durement sanctionnée pour son manque de logements sociaux (avec 7 % d’habitations à loyer modéré, la commune est très loin des 25 % imposés par la loi). Les pénalités financières fixées par la préfecture vont peser lourd dans les finances de la commune. Auvers va devoir payer plus de 341 000 € par an, durant trois années consécutives…
« Nous n’augmenterons pas les impôts ce qui nous conduira à la plus grande rigueur et à la recherche de toutes les économies possibles », prévient Florence Dufour, première adjointe. La majorité municipale, aux commandes depuis 2014, assure qu’il est trop difficile de monter des projets de construction de logements sociaux en raison de contraintes urbaines fortes. « Il y a l’Oise, la présence de carrières, le suivi constant de l’architecte des Bâtiments de France », déclarait la première adjointe à l’occasion du débat d’orientation budgétaire jeudi dernier. « Les bailleurs sociaux n’arrivent pas à équilibrer, ils nous demandent des participations financières de l’ordre de la pénalité qui nous est infligée. » Isabelle Mézières menace : « il va y avoir des recours, je ne suis pas la seule maire dans ce cas, nous allons nous défendre. »
En attendant la ville annonce tout de même des investissements cette année, avec notamment la restauration du presbytère, « en régie » précise-t-on, celle de la piste d’athlétisme, l’amélioration de la signalétique urbaine et touristique, et surtout la création d’une médiathèque. Ce grand projet, dont les détails ne sont pas dévoilés, est estimé plus d’un million d’euros.
En matière d’immobilier, la ville ne met pour le moment qu’un seul dossier sur la table : la création d’une résidence seniors au lieu-dit les Perruchets. Le conseil municipal vient de voter l’autorisation « d’engager les négociations avec les promoteurs intéressés ». Mais Isabelle Mézières ne veut pas en dire davantage pour le moment, tout juste lâche-t-elle qu’un « lotissement pourrait être construit sur le reste du terrain. »
Pour l’opposition municipale, le projet est peut-être bien loin d’aboutir. « À partir du moment où il s’agira apparemment d’un projet privé, le préfet pourrait très bien préempter le terrain puisqu’il a maintenant la main, l’état de carence de la ville étant prononcé (NDLR : l’autre conséquence du non-respect de la loi SRU) », estime l’ancien maire Jean-Pierre Béquet (PS). Ce dernier réclame en revanche la reprise du projet d’écoquartier qu’il avait lancé sous son dernier mandat, sur la zone des Perruchets.