Confrontés aux squats, aux incivilités, plusieurs gardiens évoquent un quotidien de plus en plus difficile.
Les gardiens d’immeuble ont le blues à Villiers-le-Bel (Val-d'Oise). Ce métier, ils l’ont choisi. Certes. Mais ils se passeraient bien des difficultés qui vont avec. Dans cette commune de 30 000 habitants, le ras-le-bol se fait sentir dans plusieurs quartiers de la ville. Direction l’un des secteurs où plusieurs gardiens acceptent de témoigner sous couvert d’anonymat. Installés dans un local, ils sont d’abord timides, par peur des représailles. Puis les langues se délient.
Dans cette zone, les gardiens d’immeuble sont en poste depuis plusieurs années. «On est confronté à des squats de jeunes dans certains halls, c’est très compliqué à gérer», concède un gardien. Quotidiennement, il faut nettoyer les détritus laissés dans les cages d’escalier. «Ils ne nous agressent pas directement, mais rendent notre travail plus difficile, ajoute son collègue, gardien depuis plus de dix ans. Et, ils empêchent les sociétés de travailler. Surtout quand elles doivent aller dans les sous-sols de l’immeuble…» Le dernier incident en date remonte à deux semaines.
«Il faudrait plus de rondes de la police et des caméras de surveillance»
Ces gardiens, dévoués, doivent aussi faire face à la colère des locataires plus âgés. «On se fait aussi insulter par certains adultes. On est les premiers interlocuteurs. Quand ils ne sont pas contents du bailleur, c’est nous qui prenons», insistent-ils. Et évoquent aussi «les dégradations» sur certains immeubles rénovés dans le cadre de l’Anru (Agence nationale de rénovation urbaine). Que faire pour que la situation s’améliore ? «Il faudrait plus de rondes de la police. Il faut aussi des caméras de surveillance». Tous les gardiens rencontrés souhaitent aussi «être soutenus par [leur] direction» et que leur «statut soit revalorisé.» «On fait ce métier par passion.» Pour la plupart des gardiens rencontrés, pas question de tout quitter.
Pour la municipalité, leur présence est nécessaire. «C’est un métier difficile, mais il faut que les gardiens soient là. On fait des pieds et des mains pour qu’ils restent», insiste Jean-Louis Marsac, le maire (PS), conscient des difficultés. «Ils sont en première ligne, on s’en prend à eux, constate-t-il. Il y a quand même des cages d’escalier où tout n’est pas autorisé…»
Le bailleur Osica en compte 20 pour 2 740 logements. Tandis que Val-d’Oise Habitat en compte 9 pour 1 140 appartements. «Nous cherchons à en employer davantage», indique-t-on à VOH. Et pour cause, pour le bailleur, il a un rôle «important, d’intermédiaire avec le bailleur, avec les prestataires mais aussi entre les locataires.» Quant aux problèmes rencontrés, notamment de squats, le bailleur assure que «la police nationale fait des rondes». Pour le reste, les revendications sont éludées.
Maïram Guissé