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15 mai 2017 1 15 /05 /mai /2017 20:19
>Culture & Loisirs|De nos envoyés spéciaux par Christophe Levent (textes)|14 mai 2017, 11h47|0

Le Familistère de Guise (Aisne), un lieu incroyable à découvrir.

LP/Charlotte Queruel
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A Guise (Aisne), le Familistère célèbre les 200 ans de son créateur, Jean-Baptiste André Godin. L'occasion de découvrir un lieu incroyable, berceau d'une utopie de la fin du XIXe siècle.

Les utopies peuvent avoir la vie dure. Pour s'en persuader, il faut prendre la direction de l'Aisne et de Guise. Au coeur de cette petite ville se dresse un étrange palais de brique rouge : le Familistère, rêve concrétisé de Jean-Baptiste André Godin, dont le bicentenaire de la naissance se célèbre cette année. Un projet un peu fou de « Versailles du peuple », cité ouvrière idéale offrant tout ce qu'il faut aux familles pour se loger, se nourrir, s'instruire, se distraire, se soigner décemment en cette fin de XIXe siècle.

 

Il faut passer la grille, ouverte à tous, et le petit pont sur l'Oise pour découvrir les vastes édifices de brique rouge aux façades ouvragées, un peu à la manière des demeures flamandes. Encadré par deux ailes, le bâtiment central fait face au théâtre, aux écoles et à l'économat. Au centre de la place, une statue en majesté : celle de Jean-Baptiste André Godin, industriel qui doit sa fortune aux poêles du même nom et, surtout, inventeur de cet endroit hors du commun.

 

L'utopie de la vie en communauté

 

Son histoire démarre vraiment lorsque le jeune Godin quitte l'école à 11 ans — c'était la règle — pour travailler comme ouvrier dans la serrurerie de son père, près de Guise. A 17 ans, il part faire un tour de France, façon compagnonnage. « Quand il revient, il est transformé. Il s'est rendu compte que ce n'est pas parce qu'on travaille que l'on arrive à vivre décemment, à se nourrir. Et cela lui semble anormal », raconte Alexandre Vitel, directeur adjoint du Familistère. Quatre ans plus tard, après avoir créé une petite fonderie, Godin découvre les thèses de Charles Fourier et son phalanstère, utopie d'un lieu de vie communautaire, fondée sur le partage des biens et des richesses. Godin s'en inspire pour son Familistère. Il trouve des terrains à Guise pour installer son usine et les bâtiments de logement groupés. La construction démarre en 1858.

 

 

La vie au Familistère ? Le visiteur la découvre au fil des salles. Dans l'ancien économat, qui abrite aujourd'hui un petit restaurant, est présentée en images et en maquettes la genèse du projet.

 

Juste à côté, le théâtre à l'italienne accueillait à l'époque jusqu'à 1 000 personnes. Deux écoles, aujourd'hui municipales, y sont accolées. « Le théâtre, c'était le temple de la culture, un élément fondamental pour Godin. Au Familistère, l'école était obligatoire jusqu'à 14 ans, au lieu de 11 ans ailleurs. Leur disposition n'est pas due au hasard. La connaissance soutient la culture... », commente le directeur adjoint.

 

Le pavillon central reste le plus impressionnant. Son immense cour rectangulaire, baignée de la lumière des grandes verrières, est surplombée de trois étages d'appartements, 150 au total, reliés par des coursives. Quatre logements reconstituent un intérieur ouvrier à différentes époques. Le deuxième étage abrite l'appartement de Jean-Baptiste André Godin.

 

Un musée habité

 

En poussant les portes, le visiteur découvre aussi les collections du musée, comme les productions de l'usine, ou des objets de la vie quotidienne. La visite a ses limites. Une partie des appartements ne sont pas accessibles, car toujours occupés par des propriétaires privés. « Nous sommes, je crois, le seul musée habité de France », s'amuse Alexandre Vitel.

 

Après avoir admiré la piscine et les jardins, Danielle et Michel, un couple de septuagénaires, sont ravis : « L'endroit est assez exceptionnel. C'est très surprenant, par l'architecture, mais aussi par le confort. C'est une histoire incroyable. Aujourd'hui, je ne pense pas que ce système serait encore possible. Les gens sont devenus trop individualistes... ».

 

PRATIQUE

Familistère de Guise (Aisne), ouvert tous les jours de 10 heures à 18 heures. Visite libre ou guidée (11 h 30, 14 h 30 et 16 heures le week-end).
Tarif : 9 € (TR : 6 €). Gratuit pour les moins de 10 ans. Tél. 03.23.61.35.36, www.familistere.com

 

Il revit depuis 2000

 

En 1968, le Familistère de Guise vit ses dernières heures. L'usine ne rapporte plus autant, et l'association qui gère l'endroit ne peut pas faire face. La fonderie Godin est donc vendue, quelques appartements aussi. Mais les bâtiments se délabrent rapidement, malgré un classement monument historique en 1991.

 

En 1996, une association et des architectes décident de lui redonner vie, avec le projet Utopia. Un syndicat d'économie mixte, association notamment du conseil général de l'Aisne et de la ville, voit le jour en 2000. Les travaux commencent peu après. Depuis, ce programme de 400 MEUR a permis de réhabiliter une grande partie des bâtiments et d'en faire un lieu touristique et culturel : le théâtre accueille désormais régulièrement pièces et concerts. Le 2 juin, dans le cadre des célébrations du bicentenaire de la naissance de Godin, un bal des enfants est notamment programmé.

 

Mais l'aventure est loin d'être terminée : 70 logements rénovés seront bientôt proposés en location dans l'aile droite. L'aile gauche devrait, elle, accueillir un hôtel et un restaurant. Avec l'ambition de passer de 65 000 à 80 000 visiteurs dans les années à venir.

  Le Parisien

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