Les bailleurs sociaux redoutent de voir rognées, dans le projet de budget 2016, les aides à la pierre versées par l'Etat et devraient le faire savoir au président François Hollande, attendu jeudi en clôture de leur congrès de trois jours à Montpellier.
Paris, 20 sept 2015 (AFP) - Les bailleurs sociaux redoutent de voir rognées, dans le projet de budget 2016, les aides à la pierre versées par l'Etat et devraient le faire savoir au président François Hollande, attendu jeudi en clôture de leur congrès de trois jours à Montpellier.
De mardi à jeudi se tient le 76e Congrès, consacré aux "transitions", de l'Union sociale pour l'habitat (USH) qui regroupe 750 bailleurs sociaux. A quelques semaines de la Conférence de Paris sur le climat (COP 21), ces organismes prendront 30 engagements (ACTE HLM 2016-2020) en faveur du climat et de la transition énergétique.
Mais une actualité plus brûlante s'est invitée au programme de l'évènement ces derniers jours: les bailleurs sociaux redoutent de voir baisser, dans le budget de l'Etat présenté en conseil des ministres le 30 septembre, les "aides à la pierre" qui financent la construction de logements HLM.
Ces subventions s'élèvent à 400 millions d'euros annuels, un montant en baisse au fil des années et régulièrement amputé par des "gels" de crédits: en 2014, seuls 80 millions ont été effectivement débloqués et la dette de l'Etat envers les bailleurs sociaux s'élève à ce jour à 800 millions d'euros, selon l'USH.
Aussi la création prévue d'un "fonds national des aides à la pierre", dont le mode de financement n'est pas connu, suscite les plus vives inquiétudes.
A l'heure où les logements HLM représentent un tiers de la production annuelle de logements neufs en France, toute coupe dans ce financement public mettrait en péril les objectifs ambitieux de production (150.000 logements par an) assignés aux bailleurs sociaux, disent ces derniers.
Cela affecterait aussi un secteur de la construction sinistré, à qui la crise a encore coûté 45.000 emplois sur les six premiers mois de l'année. Le logement social lui procure 16 milliards d'euros de commandes par an.
"Les aides à la pierre sont plus qu'indispensables si l'on veut tenir une production de logements destinée à une population qui s'appauvrit", a déclaré Frédéric Paul, directeur général de l'USH.
- L'habitat, "bien de première nécessité" -
"Nous sommes attachés à un modèle où l'habitat est un bien de première nécessité. Si le modèle HLM coûte 40 milliards d'euros, il en rapporte 65", a-t-il poursuivi.
La ministre du Logement Sylvia Pinel, qui ouvrira le congrès mardi matin, et plus encore François Hollande attendu en clôture jeudi, ne manqueront pas d'être interpellés sur le sujet.
Premier président de la République à venir au congrès de l'USH depuis François Mitterrand, François Hollande avait pourtant promis de doubler les aides à la pierre - un engagement de candidat resté lettre morte.
Les bailleurs sociaux s'inquiètent aussi d'un éventuel rabotage des allocations de logement, essentielles pour diminuer le loyer de locataires dont les revenus ont fondu avec la crise. Un rapport parlementaire en mai, puis la Cour des comptes mercredi dernier, ont proposé des pistes d'économies.
Autre sujet brûlant: l'accueil des réfugiés, en provenance de Syrie ou d'Irak notamment, pour lequel les bailleurs sociaux, revendiquant leurs valeurs de solidarité, se mobilisent en proposant aux préfets des logements HLM vacants, n'ayant fait l'objet d'aucune demande, dans des zones en déclin démographique.
"Nous souhaitons qu'un plan d'ensemble soit mis en place par l'Etat" afin que les réfugiés fassent l'objet d'une prise en charge globale, rappelle M. Paul.
Aussi au programme du congrès, des "transitions majeures" auxquelles les bailleurs sociaux sont confrontés: mutations et fractures territoriales, recul de la mixité sociale, vieillissement de la population, paupérisation des locataires du parc HLM...
En France où 10 millions de personnes vivent dans un HLM, 1,8 million de ménages attendent un logement social, dont le loyer est en moyenne deux fois moins élevé que dans le parc privé, dans les grandes agglomérations.