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3 janvier 2021 7 03 /01 /janvier /2021 19:42

A Sarcelles comme à Montigny-lès-Cormeilles, des élus dénoncent un «égoïsme condamnable» du collectif de 26 maires qui réclament la révision de la loi SRU imposant 25% de logements sociaux.

 A Sarcelles, le taux de logement social grimpe à plus de 50 %. A Sarcelles, le taux de logement social grimpe à plus de 50 %. Le Parisien

Pourquoi les communes les plus précaires devraient, encore et toujours, payer le prix pour les autres? Tel est, en creux, le message envoyé par les élus communistes de Sarcelles, vivement remontés contre la position des vingt-six maires du Val-d'Oise, exigeant la révision de la loi SRU (Solidarité et renouvellement urbain). Ces derniers ont pointé, à la mi-décembre, l'article 55 imposant aux collectivités locales de plus de 1500 habitants en Ile-de-France d'avoir 25 % de logements sociaux en 2025.

Exclusivement de droite — à l'exception du maire de Bessancourt (DVG) — ils dénoncent un objectif « inapplicable » et une forme de « racket » de la part de l'Etat. Manuel Alvarez, chef de file des communistes à Sarcelles et adjoint dans la majorité, dénonce un « égoïsme condamnable ».

« Ils proposent même que le taux pris en compte soit un taux intercommunal et non pas seulement local ! Comme cela les villes comme Sarcelles, Garges-lès-Gonesse et Villiers-le-Bel continueraient à dédouaner la ville d'Arnouville de ses obligations », enrage-t-il.

«Ces résistances à la loi sont intolérables»

Ces trois communes de l'est du Val-d'Oise ont un taux de logement social dépassant les 50 %. Loin, très loin, des taux connus par les vingt-six maires dans leurs communes. « Autant nous militons pour que Sarcelles entretienne les meilleures relations de voisinage avec les communes environnantes, souligne Manuel Alvarez, autant nous combattrons l'injustice imposée aux Sarcellois depuis des décennies en matière de logement social. »

L'élu déplore, aussi et surtout, le temps mis par ces vingt-six édiles pour atteindre les objectifs imposés par la loi SRU « depuis vingt ans ». « Chaque commune a donc eu largement le temps de remplir ses obligations et 50 % des communes concernées l'on fait mais pas vous. Ces résistances à la loi sont intolérables », assène-t-il encore. Avant de conclure, avec fermeté : « La solidarité n'est pas une incantation, elle est la cohésion de nos villes, de nos territoires. »

Pour le maire de Franconville, un problème de mixité

Le collectif des vingt-six maires demande, de son côté, un moratoire pour réviser la loi, mais également une présence accrue des élus locaux pour les attributions des logements, le retour à un taux de 20 % — plutôt que 25 % depuis 2013 —, la possibilité de prendre en compte des taux au niveau intercommunal, ainsi qu'une prise en charge des spécificités locales, comme la présence de zones inondables ou classées, par exemple.

« Nous avons une situation très particulière, avec une surface très petite de 202 hectares presque entièrement urbanisés, rappelait mi-décembre Philippe Audebert, maire (DVD) de La Frette-sur-Seine. Nous ne disposons à ce jour d'aucune réserve foncière. »

De son côté, le maire (LR) de Franconville, Xavier Melki, garde « bon espoir que la loi évolue » et annonce le lancement dans les semaines qui viennent d'un simulateur pour « montrer l'incapacité à construire dans de bonnes conditions ». L'élu refuse en effet « de construire un bloc de 700 logements sociaux concentrés ». Or, il estime que « pour garantir la mixité », il faudrait construire 12000 logements… alors que la ville en compte déjà plus de 37000.

Dépasser les clivages politiques

La maire socialiste d'Eaubonne n'apparaît pas dans la liste des 26 maires comme nombre de ses collègues du Parisis. A la tête de cette commune depuis quelques mois et qui compte pour l'heure 22,5 % de logements sociaux, Marie-José Beaulande note simplement que « si vraiment il est question de peser sur les difficultés que peuvent rencontrer certains, je pense que ce serait plus bénéfique que ce soit fait au niveau des instances déjà existantes représentant les maires ».

Pour Jean-Noël Carpentier, maire (Mouvement des progressistes) de Montigny-lès-Cormeilles, le sujet doit dépasser les clivages gauche-droite. « La question du logement n'est pas une question politicienne. Si on le fait, on oublie le bien commun. A l'époque du vote de la loi SRU, elle avait transcendé la droite et la gauche, cela doit continuer ainsi : il ne faudrait pas revenir à une sorte de guerre des tranchées entre les anti et pro-logements sociaux. »

Une loi «d'intérêt général»

L'ancien député, dont la commune compte 38 % de logements sociaux, dit ne pas être favorable à la mutualisation des taux. « Je suis très réservé sur cette idée car cela fait partie des prérogatives du maire », rappelle-t-il. Et d'appeler lui aussi à un effort de tous « pour atteindre les objectifs d'une loi équilibrée et d'intérêt général ».

Jean-Noël Carpentier est le maire (Mouvement des progressistes) de Montigny-lès-Cormeilles. LP/Marjorie Lenhardt
Jean-Noël Carpentier est le maire (Mouvement des progressistes) de Montigny-lès-Cormeilles. LP/Marjorie Lenhardt  

« Il peut y avoir des difficultés à tel ou tel endroit mais les préfets sont à l'écoute des maires, estime l'élu. Les communes carencées ne le sont pas du jour au lendemain mais après une discussion avec les équipes municipales en place. Avec un point tous les trois ans et donc celles qui sont sanctionnées, c'est qu'elles n'ont pas fait preuve d'une grande bonne volonté pour construire un minimum de logements sociaux afin de tendre vers les 25 %. »

Un besoin de construire bien réel

Toujours dans le Parisis, Michel Vallade, maire (PCF) de Pierrelaye, est plus tranché : « A une période où on manque tant de logements sociaux avec des gens qui attendent bien souvent des années, cela ne fait aucun doute qu'il faut en construire. Et il faut que chacun prenne sa part pour atteindre les 25 % minimum qui ne régleront même pas tous les problèmes au vu des besoins considérables. »

Sa commune de 8900 habitants compte aujourd'hui 28 % de logements sociaux et malgré tout a encore plus de 350 demandes en attente. Si l'élu entend que des problèmes de disponibilité de foncier puissent retarder un peu les choses dans certaines villes, il ne faut pas perdre trop de temps pour autant car « il y a urgence ».

« Je pense aux jeunes notamment qui sont souvent précaires au début de leur vie professionnelle mais qui, sans CDI, ne peuvent pas se loger, poursuit Michel Vallade, à la tête de la ville depuis 1977. En tant qu'élu responsable, on ne peut pas nier cette situation et considérer qu'on a qu'à construire chez les autres. »

«Il faut que chacun prenne sa part» : la construction de HLM divise les élus du Val-d’Oise
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