Le PDG se serait engagé à lancer une étude industrielle pour mesurer la viabilité de la proposition de la CGT. Sans démentir, la direction ne souhaite pas faire de commentaires.
Le projet de délocalisation de l’usine de Dassault Aviation d’Argenteuil vers Saint-Ouen-l’Aumône proposé par la CGT aurait-il finalement convaincu la direction de l’équipementier ? La semaine dernière, trois élus du personnel ont été reçus par le PDG du groupe, au siège de l’avionneur à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). Au cours de cette rencontre, Eric Trappier se serait engagé, selon la CGT, à lancer une étude industrielle pour mesurer la viabilité de leur proposition. Sans démentir l’information, la direction, elle, ne souhaite pas faire de commentaires sur cet entretien.
Le syndicat réclamait cette audience officielle depuis un an pour présenter ce projet de construction d’une usine dans la zone d’activité des Béthunes, dont le coût est évalué à 27 M€. Un projet, élaboré de A à Z par le syndicat en réaction à une crainte de fermeture du site d’Argenteuil, jugé « vieillissant », peu adapté aux modes de production futurs et au loyer trop onéreux (10 M€ annuels).
Cette usine nouvelle « mieux localisée pour la plupart des salariés » s’étendrait sur 100 000 m2, avec une crèche, une conciergerie et un campus Dassault Aviation de 500 m2 dédié à la recherche et développement, ainsi qu’à la formation des salariés. Elle pourrait accueillir entre 700 et 1 000 salariés pour une cadence mensuelle d’un à quatre Rafale et d’un à dix Falcon.
Archives. Unité d’assemblage structure du Rafale à l’usine Dassault Argenteuil.
Si jusque-là, Eric Trappier s’était montré plus que dubitatif quant à cette proposition, il aurait témoigné cette fois d’un réel intérêt : « Ils l’ont trouvé bien notre projet », s’exclame Anthony De Castro, secrétaire CGT. « On l’a convaincu en le mettant devant ses contradictions », explique-t-il.
Le plan de transformation engagé sur 10 ans sur l’ensemble des usines françaises de Dassault Aviation prévoit une spécialisation de l’usine d’Argenteuil dans les tronçons avant, elle qui était spécialisée dans l’assemblage du fuselage complet. Une spécialisation « nécessaire » selon la direction. Or celle-ci laisserait 4 ha de locaux vides à Argenteuil, sans qu’il n’y ait aucun autre projet prévu. « Ce n’est pas cohérent et il l’a dit lui-même, en plus les avions font des allées et venus, ils partent désormais à Biarritz pour l’assemblage et reviennent à Argenteuil (les Rafales uniquement car les Falcon sont devenus trop grands pour l’usine) pour le conditionnement, avant de repartir à Bordeaux », poursuit Anthony De Castro.
La CGT se dit « satisfaite de ces discussions franches » mais pas « naïves » : « on va s’assurer qu’il lance bien cette étude et nous allons lancer la nôtre aussi », précise Anthony De Castro.
Lors du conseil d’administration du 26 juillet dernier, Eric Trappier avait assuré que le groupe resterait « en partie à Argenteuil » et que le site serait « modernisé sur la base de la filière existante ». Il devrait se déplacer dans l’usine courant décembre.