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28 septembre 2018 5 28 /09 /septembre /2018 18:12
Argenteuil célèbre les 60 ans de Joliot et ses premiers locataires
>Île-de-France & Oise>Val-d'Oise|Frédéric Naizot|30 septembre 2018, 16h20|0
Ginette, 89 ans, est arrivée en 1959. LP/Frédéric Naizot
 
 
 
 

Les 1 041 logements de Joliot-Curie ont vu le jour en 1958, il y a 60 ans, offrant aux locataires un confort alors inconnu.

C’était l’année du retour du général de Gaulle et la guerre d’Algérie, l’année de la Ve République et de « Mon oncle » de Jacques Tati. Mais 1958, c’est aussi l’année où Gérard, enfant, découvre émerveillé le premier appartement familial digne de ce nom en emménageant dans la cité Joliot-Curie, à Argenteuil, qui venait d’être construite. Il n’en est toujours pas revenu alors que la ville d’Argenteuil et la coopérative AB Habitat ont célébré samedi le 60e anniversaire de Joliot. Il n’en est toujours pas parti, d’ailleurs : « Nous habitions dans l’ancienne cité Gode. Nous n’avions qu’une seule pièce et nous étions six… », confie celui qui avait alors 11 ans mais se souvient de tout.

« C’était le 15 octobre 58. J’avais à peine 11 ans. C’était le Paradis. La vue sur Paris, les champs. Les rues n’étaient pas encore terminées. C’était un miracle. » Il concède que la vie dans la cité s’est compliquée au fil des années et des nouvelles arrivées. « Ma mère a 91 ans et elle est toujours ici. La cité a changé, mais je reste fier d’être toujours à Joliot. »

 

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Raymond Maison, 94 ans, locataire de la première heure de la cité Joliot-Curie. LP/Fr.N.

 

Raymond Maison, 94 ans, arrivé avec ses cinq enfants, fête aussi ses noces de diamant avec sa cité. « Je travaillais aux roulements à bille, à Bois-Colombes, se souvient-il. J’ai obtenu le logement par une assistante sociale. J’ai emménagé le lendemain de la visite ! » Il se rappelle le chauffage et les chambres pour les enfants « C’était une belle chose. Je suis arrivé rue Yves-Farges, je n’ai plus bougé. »

 

 

 

En 2018, il reste toujours des fidèles à Joliot, une cité qui propose pourtant des pièces petites et des couloirs étroits, une isolation acoustique inexistante. Ginette, 89 ans, est venue l’année suivante, en février 1959, et garde le souvenir ému de ce nouveau confort. « La première chose que l’on a faite en arrivant, c’est ouvrir l’eau… Avant, on allait à la fontaine. Et puis il y avait les toilettes au lieu du cabanon dans le jardin. »

 

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Archives municipales d’Argenteuil

 

Il n’aura fallu qu’un an pour que la cité et ses 1 041 logements ne sortent de terre, sur 12 ha de vignes et de vergers. « Je l’ai vue pousser à vitesse grand V en allant au lycée », se souvient le maire LR d’Argenteuil, Georges Mothron, qui a inauguré en soirée, samedi, le nouveau centre de loisirs d’un quartier qui dispose aussi d’une maison de quartier flambant neuve. « C’est le renouveau de Joliot », confie-t-il.

 

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Archives municipales d’Argenteuil

 

« 60 ans, c’est assez rare. Les cités sont souvent démolies après ce temps », note le président de la coopérative AB Habitat, Dominique Lesparre (PCF). Joliot-Curie, qui avait été visée par un projet de démolition partielle, est le dernier survivant des ensembles LOPOFA (logements populaires et familiaux) lancés en 1955. « Joliot a offert à des milliers de personnes des conditions de vie décentes. En 1958, il y avait des lieux sordides dans nos villes » ajoute Dominique Lesparre, qui lâche aussi que le permis de construire « avait été délivré à la fin des travaux ». « Aujourd’hui, 25 % des locataires ont plus de 60 ans, 18 % plus de 70 ans et 8,7 % plus de 80 ans. Ils ont l’air d’y vivre bien », note-t-il, ajoutant que la cité compte 51 % de salariés, 27 % de retraités, 6 % de chômeurs et 63 % des locataires au-dessus du plafond de ressources. « Joliot-Curie n’est pas le ghetto de pauvreté qui est parfois décrit ».

 

Argenteuil se plonge dans l’histoire de la cité Joliot-Curie
>Île-de-France & Oise>Val-d'Oise|Marjorie Lenhardt|28 septembre 2018, 15h24|MAJ : 28 septembre 2018, 17h09|0
Argenteuil, en 1965. Les logements de la cité Joliot-Curie avaient pour but de lutter contre l’insalubrité et la surpopulation de logements existant alors en banlieue de Paris. DR/AB-Habitat
 

Pour célébrer le soixantième anniversaire du quartier, l’agence d’Orgemont se transforme en salon des années 1960. D’anciens locataires viendront également raconter comment était la vie à l’époque.

C’est un retour en 1958 qui est proposé ce samedi à la cité Joliot-Curie. Cette année-là, le grand ensemble est inauguré par Victor Dupouy, maire communiste d’Argenteuil. Quatre barres alignées allant jusqu’à 10 étages coiffées à la perpendiculaire d’un long immeuble, surnommé « la chenille », sortent de terre près d’une importante cité-jardin des années 1920. En pleine crise du logement, 1 041 familles y découvraient alors le confort du chauffage, d’une salle de bains avec baignoire et toilettes séparées.

Cette ville dans la ville, symbole de l’urbanisme des années 1950, célèbre ses 60 ans ce samedi. Tout le quartier sera d’ailleurs en fête avec de nombreuses animations et l’inauguration en soirée du nouveau centre de loisirs et de la rue Donnet-Lévêque, qui le relie à l’école. À l’occasion de cet anniversaire, des locataires témoigneront de leur arrivée dans la cité dans un décor de salle à manger des années 1960, installé dans les locaux de l’agence AB-Habitat de proximité.

 

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DR/AB-Habitat

 

« C’est intéressant de voir à la fois comment les gens sont dans la nostalgie, mais aussi comment ils se sont approprié les lieux. Il y a des locataires qui n’ont jamais voulu partir », remarque Marie-José Cayzac, directrice de l’agence d’Orgemont qui gère la cité pour la coopérative HLM. Depuis plusieurs semaines, elle travaille avec une vingtaine d’« anciens », ceux qui sont arrivés lors des deux premières années de la cité, pour retrouver le temps d’une matinée l’atmosphère de l’époque. Pour l’occasion, ces derniers ont ressorti de leurs placards décorations et appareils électroménagers des années 1960, comme un moulin à café électrique, un fer à repasser qui se chauffait sur le gaz ou encore un pot à lait.

 

Des logements construits à la hâte

« Pour moi, c’est aussi un travail de transmission, montrer ce que cette cité a représenté pour les premiers habitants à leur arrivée », ajoute Marie-José Cayzac. Car pour les premières familles qui avaient connu jusque-là des conditions de logement insalubres et surpeuplées, la cité Joliot-Curie était le paradis.

Mais peu à peu, les logements construits très vite (avec des structures en béton préfabriquées en usine) et à moindre coût se dégradent. En 2007, lors de son premier mandat, le maire (LR) Georges Mothron, veut en démolir un quart (la chenille notamment) dans le cadre de la rénovation urbaine. Face à la mobilisation et à la suite des nouvelles élections municipales en 2008, le projet a finalement été abandonné. La cité a depuis fait l’objet d’une rénovation.

Ce samedi à 11 heures au 9, allée du Dr-Lamaze. Réservation : 01.39.98.28.28.

 

60 ans de la cité Joliot-Curie - Sauvée de la démolition par les habitants
60 ans de la cité Joliot-Curie - Sauvée de la démolition par les habitants
60 ans de la cité Joliot-Curie - Sauvée de la démolition par les habitants
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