Le projet de la mairie au bord de la Seine provoque la colère des opposants qui ont à nouveau manifesté ce samedi après-midi et s’apprêtent à multiplier les recours devant la justice administrative.
Argenteuil, ce samedi. Les opposants au nouveau projet Héloïse ont terminé leur marche devant l’hôtel de ville. LP/Frédéric Naizot
« Mothron, roi du bétonnage ! » Les 250 manifestants qui se sont retrouvés ce samedi après-midi sous les fenêtres du maire (LR) d’Argenteuil (Val-d’Oise), terminant leur marche devant l’hôtel de ville, ont à nouveau marqué leur opposition résolue au nouveau projet Cap Héloïse.
Rebaptisé « Les Promenades d’Argenteuil », le projet de la mairie conduite par Georges Mothron prévoit sur l’île Héloïse, à la place des salles Jean-Vilar et Pierre-Dux, un cinéma de neuf salles, une salle de spectacle modulable et privée, 13 502 mètres carrés de commerces, 150 logements et 400 places de parking.
Le principal changement par rapport à la version antérieure porte sur la hauteur qui a été baissée de 5 mètres pour atteindre environ 40 mètres. Pour la mairie, qui a chargé du programme le groupe Fiminco, il s’agit de relancer le commerce en centre-ville, de créer une entrée de ville et de retrouver en partie les berges de la Seine.
Le refus de détruire le lieu de culture qu’est la salle Jean-Vilar
« Démolir la salle Jean-Vilar, c’est un cauchemar », répondent les manifestants presque deux fois plus nombreux que lors de la précédente mobilisation en septembre, dont certains dénoncent « le blokhaus ». En tête du cortège, Évelyne, n’accepte pas : « Je m’oppose complètement à la destruction de la salle Jean-Vilar. C’est un lieu de culture à Argenteuil. On y fait des banquets, il y a des expos, le salon du livre, les Cinglés du cinéma… »
Tous veulent aussi conserver les platanes peints par les Impressionnistes. Claudine Cazals, la présidente du comité Jean-Vilar, décrit devant la mairie « un projet détestable qui va détruire complètement le centre-ville d’Argenteuil, et pas seulement la rive. Nous avons un maire resté dans les années 1970, avec le multiplexe, le centre commercial… »
« Nous ne nous opposons pas à tout ce qui se fait à Argenteuil, précise encore Frédéric Lefebvre-Naré. « Mais c’est un projet qui a trente de retard dans sa conception », estime celui qui a en charge le volet juridique de la contestation.
Trois recours vont être déposés
Lequel confie ainsi que trois recours vont être déposés devant la justice administrative, pour le déclassement du domaine public des lieux qui n’a pas fait l’objet d’une enquête publique indispensable selon lui, la vente au promoteur qu’il juge illégale du fait de l’incertitude sur les incidences financières et le permis de construire. Il précise que Casino a déjà formé un recours qui a été rejeté en première instance et qui est en appel.
Le comité Jean-Vilar a un allié de poids avec l’implication de Val-d’Oise environnement qui, après EuropaCity, se verrait bien faire achopper un autre projet commercial. « C’est un projet nuisible pour la ville. Je siégeais à la CDAC (NDLR : la Commission départementale d’aménagement commercial) en 2016 lorsque ce projet est venu. J’ai voté contre et m’y suis opposé dès le début », souligne son président, Bernard Loup, présent à la manifestation.
« Il y a des cinémas à Argenteuil qui doit aussi garder ses commerces de centre-ville où il y a déjà un centre commercial. Aujourd’hui, nous ne sommes plus en 2016. Il y a eu la pandémie. Les grands projets de centres commerciaux sont derrière nous maintenant. Le maire doit prendre exemple sur la communauté d’agglomération de Plaine Vallée qui a changé d’avis et abandonné la création d’un village de marques à Groslay. » Les opposants vont être reçus prochainement par le maire d’Argenteuil a annoncé Claudine Cazals.