La direction a fait cesser la production jusqu’à lundi prochain, après un débrayage mardi. La CGT estime qu’il faut fermer le site pour endiguer l’épidémie.
Argenteuil. Selon la CGT, 300 personnes ont cessé le travail à l’usine Dassault pour réclamer une fermeture provisoire. LP/Marjorie Lenhardt
C'est l'une des multiples conséquences de la cause du coronavirus. L'usine Dassault aviation d'Argenteuil est l'arrêt depuis ce mercredi sur décision de la direction. « Nos activités de production seront arrêtées pendant trois jours à l'exception de ce qui relève de l'urgence opérationnelle », a écrit Eric Trappier, le PDG de Dassault aviation dans une lettre adressée aux syndicats mardi.
Ce délai doit servir à la mise en place de méthodes de travail qui permettent un maintien de la production tout en limitant la propagation du virus. « Soyez assuré que votre santé est notre priorité. Il nous faut être unis sans esprit de polémique », ajoute le dirigeant.
« On travaille les uns sur les autres »
Si la direction de l'entreprise s'est adressée aux représentants des salariés, c'est pour mettre fin aux actions de protestation. Dès lundi, la CGT a signalé un « danger grave et imminent ». « Ça veut dire que si un salarié contracte cette maladie, il peut ensuite se retourner contre son employeur », explique Anthony De Castro, représentant de la CGT. Le syndicat estime que les conditions de sécurité pour faire face à l'épidémie ne sont pas respectées.
« Aucun masque n'a été fourni aux salariés, ni gel, alors qu'on est sur des chaînes, donc on travaille les uns sur les autres », souligne Anthony De Castro. Il souligne que 6 à 7 salariés étaient malades lundi et que le lendemain, ce chiffre est monté à 13. « La direction dit les avoir renvoyés chez eux et que ce n'était pas des cas de Covid-19 mais aucun n'a été dépisté », souligne-t-il.
Ne pas « ajouter une crise à la crise »
Une réunion extraordinaire du comité économique et social de l'entreprise a eu lieu mardi. La CGT y a réclamé une fermeture de l'usine pendant 15 jours, ce qui a été refusé. « Suite à la décision de la direction, on est allé dans tous les services pour interpeller les salariés et on a fait grève devant l'usine », ajoute-t-il.
Il évalue à environ 300 le nombre de personnes qui a cessé le travail pendant environ trois quarts d'heure. C'est après cette action qu'Eric Trappier a envoyé cette lettre aux syndicats, dans laquelle il estime que « l'obligation de confinement n'est pas incompatible avec la poursuite d'une activité économique » et qu'il ne faut pas « ajouter une crise à la crise ».
La CGT a répondu par un courrier, avançant que l'activité de l'usine - « fabriquer des avions d'affaires et militaires pour l'export » - ne fait partie des secteurs essentiels à la vie du pays. « Pour la CGT, la vie et la santé des salariés et de leurs familles n'ont pas de prix et doivent primer avant toutes considérations financières », juge le syndicat.
Contactée par Le Parisien, la direction se borne à répondre : « Nous travaillons à notre organisation et ne faisons aucun commentaire à ce stade. »