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16 décembre 2018 7 16 /12 /décembre /2018 18:32
Argenteuil : la cité du Château va être démolie
>Île-de-France & Oise>Val-d'Oise|Marjorie Lenhardt|16 décembre 2018, 17h08|0
Argenteuil. La cité du Château dispose de 108 logements, elle a été rachetée en 2017 par AB-Habitat a un propriétaire prive. LP/M.Len
 
 

Le bailleur social AB-Habitat a décidé de reloger la centaine de familles et démolir cette résidence du Val-Notre-Dame, construite au début des années 60 et dont la réhabilitation ne semblait plus viable.

Un ensemble un fin de vie. L’emblématique cité du Château, ou cité bleue, du quartier du Val-Notre-Dame, à Argenteuil, va être démolie. Cette bâtisse en U de cinq étages, construite au début des années 1960, est dans un état déplorable depuis plusieurs années : fuites d’eau récurrentes, carreaux cassés, odeurs de canalisation, punaises de lit, caves squattées, voitures ventouses… Tout cela pour un loyer exorbitant d’environ 800 € par mois.

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Elle a été rachetée en février 2017 par le bailleur AB-Habitat à un marchand de sommeil bien connu de la ville, dans le cadre d’un plan de résorption de l’habitat insalubre. Au début, la coopérative HLM prévoyait de réhabiliter ce site, qui compte 108 logements et six commerces. Mais au vu de « l’ampleur et la complexité des travaux à réaliser », le bailleur a choisi la démolition.

Détruire, moins cher que rénover

Les travaux de désamiantage, de remise aux normes de sécurité incendie et de réhabilitation thermique, doubleraient en effet le coût de l’achat de la cité (soit 15 M€ au total à la charge seule du bailleur puisque le lieu ne se situe pas dans le programme de rénovation urbaine). Il faudrait ajouter à cela le coût de relogement temporaire des locataires, qui ont d’ailleurs pour près de 40 % d’entre eux déjà fait une demande de mutation. « La réhabilitation n’est pas viable. Ce bâtiment a fini sa vie », considère Salah Lounici, directeur général d’AB-Habitat.

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Une décision prise « presque facilement » en concertation avec la préfecture, la ville, la police, tant les problèmes s’y accumulent. Car au mauvais état du bâti s’ajoutent les problématiques sociales, avec de nombreux logements en suroccupation, mais aussi des situations d’endettement dues à des loyers trop élevés non adaptés aux revenus (cette résidence représente 25 % des impayés de l’agence AB-H du centre-ville).

Incendies et trafics de drogue

De nombreux problèmes de sécurité s’y concentrent également : incendies dans les caves et logements, trafics de drogue avec des nourrices parmi les locataires, mais aussi problématique de radicalisation… « La meilleure des choses était effectivement de réfléchir à un relogement et une démolition », constate Salah Lounici. « Le fait de reloger de façon éparpillée les gens à Argenteuil et à Bezons va aussi permettre de casser ces noyaux de délinquance et de trafics », ajoute Dominique Lesparre, président de la coopérative HLM et maire (PCF) de Bezons.

Offrir de meilleures conditions de vie aux locataires

Trois propositions de relogement vont être faites aux locataires, principalement dans le parc de logement de l’office HLM (12 000 logements) à Argenteuil ou Bezons. La démolition pourrait se faire dans un an, le temps que s’est donné le bailleur pour reloger tout le monde. « On ne punit pas les habitants, on veut leur offrir une vraie chance de vivre dans de meilleures conditions », affirme Salah Lounici.

« AB-Habitat se positionne ici en partenaire de la ville pour éradiquer le logement insalubre et pour construire une opération un peu plus large qui s’inscrira dans le projet de réhabilitation du quartier », conclut Dominique Lesparre.

 

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« CE SERA UNE TOUTE NOUVELLE VIE, REPARTIR DE ZERO »

Malgré l’état de délabrement de la cité bleue, nombreux sont les locataires à avoir un pincement au cœur à l’idée de la quitter. « Avant, on pleurait pour être relogé, maintenant que ça se concrétise, on a peur de ce que l’on va avoir à la place, confirme Zoubida. On est quand même content de déménager et d’avoir plus grand, car ici je vis dans un F3 avec trois enfants. Je devrais avoir un F4. »

Beaucoup voudraient être relogés dans le quartier et rester proche de leurs familles. « Certains locataires vivent là depuis trente-cinq ans. Ce sera une toute nouvelle vie, repartir de zéro, avoir de nouveaux voisins, poursuit la locataire. En plus ici, on a tout à côté : les écoles, Aldi, la ferme du Spahi… »

« C’est vrai que c’est sale, que la cité est dans un très mauvais état, mais on était bien localisé, poursuit Fatimatou qui a grandi dans la résidence et qui s’est installé dans l’appartement à côté de celui de ses parents, avec son mari et ses deux enfants. Ce que je veux, c’est rester près de mes parents, ici c’est pratique, ils gardent mes enfants. »

« J’aurai préféré rester mais c’est mieux que cette cité soit démolie, estime Miguel. Elle est trop délabrée. »

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